Par Jean-David Boussemaer, le 6 novembre 2025 - 8 min de lecture

La facturation électronique devient obligatoire dès 2026

Dès septembre 2026, toutes les entreprises françaises devront être capables de recevoir des factures électroniques. L’émission quant à elle deviendra obligatoire progressivement : dès 2026 pour les grandes entreprises et les ETI, puis en 2027 pour les PME et TPE.

facture electronique

1. En résumé

  • La facturation électronique marque une transformation majeure visant à moderniser les entreprises et l’administration, en renforçant la transparence, la traçabilité et la lutte contre la fraude à la TVA.
  • Le système repose sur un écosystème interconnecté : le Portail Public de Facturation (PPF) – appelé à évoluer vers la notion de Plateforme Agréée (PA) –, les Plateformes de Dématérialisation Partenaires (PDP) et les opérateurs de services.
  • La réforme sera déployée progressivement entre 2026 et 2027 : réception obligatoire dès septembre 2026, puis émission à compter de septembre 2026 pour les grandes entreprises et les ETI, et en 2027 pour les PME/TPE.
  • Les entreprises bénéficieront d’une réduction des coûts, d’une accélération des paiements, d’une meilleure intégration comptable, d’une sécurité renforcée et d’un impact écologique positif.
  • Pour se préparer, il faut dès maintenant diagnostiquer ses outils, choisir entre PPF ou PDP, vérifier la compatibilité logicielle, former les équipes et anticiper les tests afin de transformer cette obligation en levier de modernisation.

2. Pourquoi ce changement ?

La facturation électronique s’inscrit dans une logique de modernisation profonde de la vie des entreprises et de l’administration. Ce n’est pas une simple dématérialisation du papier, mais une transformation structurelle qui touche à la fois la fiscalité, la productivité et la transparence économique.

Un objectif de transparence et de traçabilité

L’un des principaux moteurs de cette réforme est la volonté de rendre les échanges commerciaux plus transparents. Chaque facture émise ou reçue passera désormais par une plateforme agréée par l’État, qu’il s’agisse du Portail Public de Facturation (PPF), d’une Plateforme de Dématérialisation Partenaire (PDP), ou via un opérateur de dématérialisation relié à une PDP.

Ces plateformes joueront le rôle d’intermédiaire de confiance : elles s’assureront que les factures respectent les normes légales, que les montants de TVA sont exacts et que les données transmises à l’administration sont fiables et cohérentes.

👉 Ce dispositif permettra à la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP) de suivre quasi en temps réel les transactions entre entreprises, favorisant une meilleure visibilité sur l’activité économique nationale.

Un gain de productivité et de fiabilité pour les entreprises

Au-delà de la conformité, la facturation électronique représente un levier d’efficacité opérationnelle. Fini le papier, les envois postaux, les impressions et les classeurs : la facture devient un flux numérique, directement intégré aux outils comptables ou ERP. Cette automatisation réduit considérablement les tâches manuelles :

  • plus besoin de ressaisir les données,
  • moins d’erreurs de saisie,
  • traitement plus rapide des factures et des paiements.

👉 Résultat : un gain de temps considérable pour les équipes comptables et administratives, et une meilleure maîtrise des flux financiers.

Un outil puissant contre la fraude à la TVA

Enfin, cette réforme répond à un enjeu fiscal majeur : la lutte contre la fraude à la TVA, estimée à plusieurs milliards d’euros chaque année en France.

Grâce à la transmission automatique et systématique des données à la DGFiP, les transactions deviennent traçables et vérifiables. Les anomalies, incohérences ou comportements suspects pourront être détectés rapidement, sans alourdir les contrôles pour les entreprises honnêtes.

En centralisant l’information, le dispositif renforce la sécurité et la fiabilité du système fiscal tout en simplifiant la relation entre les entreprises et l’administration.

3. PDP, Portail Public et Plateformes : comment ça marche ?

La réforme repose sur un écosystème à trois niveaux, destiné à encadrer et à fluidifier les échanges de factures électroniques. Ce système garantit que chaque entreprise, quelle que soit sa taille, puisse émettre et recevoir des factures en toute conformité, tout en facilitant la transmission automatique des données à l’administration fiscale.

Le Portail Public de Facturation (PPF)

Le PPF est la brique centrale du dispositif. Développé et géré par l’État, il repose sur la même infrastructure que celle déjà utilisée pour les marchés publics (Chorus Pro). Sa mission est triple :

  • assurer la réception et la transmission des factures entre entreprises et vers la DGFiP ;
  • garantir la sécurité et la traçabilité des données ;
  • servir de référence technique pour les autres plateformes connectées.

👉 Toute entreprise pourra choisir de passer directement par le PPF pour émettre et recevoir ses factures, notamment les plus petites structures qui souhaitent limiter les coûts.

Les Plateformes de Dématérialisation Partenaires (PDP)

Les PDP sont des acteurs privés agréés par la DGFiP. Leur rôle est essentiel : elles assurent la circulation, la vérification et la conformité des factures entre les entreprises. Une PDP peut :

  • convertir les factures dans un format standardisé ;
  • contrôler la validité des mentions légales ;
  • transmettre les informations fiscales nécessaires à la DGFiP ;
  • connecter l’entreprise à d’autres PDP ou au PPF pour acheminer la facture au destinataire final.

👉 La PDP agit comme une passerelle intelligente et sécurisée entre les systèmes de facturation des entreprises et l’administration.

Les Plateformes de services (ou opérateurs de dématérialisation)

Enfin, certaines entreprises pourront passer par des plateformes privées (souvent les éditeurs de logiciels comptables ou ERP), qui elles-mêmes seront reliées à une PDP. Ces prestataires offriront des services complémentaires : archivage, automatisation du rapprochement comptable, intégration avec les outils de gestion, tableaux de bord analytiques, etc.

Un fonctionnement en interconnexion

L’ensemble repose sur un réseau interconnecté et normé :

  • L’entreprise émet sa facture via son logiciel ou sa PDP.
  • La facture est validée et enrichie des données requises.
  • Les informations essentielles (TVA, montant, date, SIREN, etc.) sont transmises à la DGFiP via le PPF.
  • Le destinataire reçoit la facture sous format électronique structuré, lisible par son propre système.

👉 Ce maillage garantit une interopérabilité complète entre tous les acteurs économiques, tout en maintenant la sécurité et la confidentialité des données.

4. Un calendrier à ne pas manquer

La réforme de la facturation électronique s’appliquera progressivement, afin de laisser le temps à chaque entreprise de s’adapter à cette nouvelle obligation. Le gouvernement a défini un calendrier de déploiement qui tient compte de la taille et du niveau de maturité numérique des entreprises.

L’objectif est clair : parvenir, d’ici à 2027, à une généralisation complète de la facturation électronique entre toutes les entreprises françaises assujetties à la TVA.

Étape 1 : Réception obligatoire dès septembre 2026

À compter de septembre 2026, toutes les entreprises – sans distinction de taille – devront être capables de recevoir des factures électroniques. Autrement dit, même si une entreprise n’émet pas encore ses factures sous format électronique, elle devra pouvoir accepter et traiter celles de ses fournisseurs.

Cette première étape constitue la base du dispositif : elle garantira que tout acteur économique puisse participer au flux électronique, au moins en réception.

Étape 2 : Émission progressive selon la taille de l’entreprise

L’obligation d’émission des factures électroniques sera mise en œuvre progressivement entre 2026 et 2027, selon la typologie des entreprises :

  • Les grandes entreprises seront les premières concernées : elles devront émettre leurs factures électroniques dès septembre 2026.
  • Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) suivront à partir de 2027.
  • Les petites et moyennes entreprises (PME) et les micro-entreprises disposeront d’un délai supplémentaire, jusqu’en 2027, pour se mettre en conformité.

Cette approche graduée a pour but d’éviter un engorgement technique et administratif, tout en laissant aux plus petites structures le temps de s’équiper et de former leurs équipes.

Étape 3 : Transmission des données (e-reporting)

Les entreprises devront également transmettre à la DGFiP certaines données de facturation (e-reporting). Cette transmission sera progressive selon la taille de l’entreprise et le type de flux, via le PPF ou une PDP, et vise à améliorer le suivi des opérations B2B et, à terme, à simplifier certaines obligations déclaratives (ex.  pré-déclaration de TVA).

Un calendrier à anticiper dès aujourd’hui

Même si la date de mise en œuvre semble encore lointaine, la réussite de cette transition dépendra d’une préparation en amont. Les entreprises doivent dès maintenant :

  • cartographier leurs flux de facturation,
  • identifier leurs partenaires commerciaux,
  • vérifier la compatibilité de leurs logiciels comptables,
  • choisir leur futur canal de transmission (PPF, PDP ou opérateur privé).

Se préparer tôt permettra d’éviter la précipitation, de tester les échanges en conditions réelles et de garantir une transition fluide vers la facture électronique.

5. Quels bénéfices concrets pour les entreprises ?

Si la réforme impose un changement en profondeur des habitudes, elle apporte aussi de nombreux avantages pratiques et économiques. La facturation électronique n’est pas seulement une contrainte réglementaire : elle est une opportunité de modernisation et d’optimisation pour toutes les structures, des grandes entreprises aux plus petites.

Des économies immédiates et mesurables

Passer au format électronique permet de réduire considérablement les coûts liés à la facturation :

  • plus de papier, d’enveloppes ni d’affranchissement ;
  • plus de temps perdu à imprimer, plier, classer ou archiver ;
  • moins d’erreurs et donc moins de coûts cachés de correction.

Certaines études estiment le coût moyen d’une facture papier entre 8 et 12 €, contre moins de 2 € pour une facture électronique ; ces chiffres sont à considérer comme ordres de grandeur indicatifs.

Une accélération du traitement et des paiements

Les échanges automatisés entre systèmes réduisent les délais de transmission et de validation. Les factures parviennent instantanément aux bons interlocuteurs, ce qui accélère leur règlement. La visibilité en temps réel sur les flux de facturation permet aussi un suivi plus précis des encours clients et fournisseurs, réduisant les retards de paiement et améliorant la trésorerie.

Une sécurité renforcée des données

Les plateformes agréées (PPF ou PDP) offrent un niveau de sécurité et de traçabilité élevé : chaque facture est authentifiée, horodatée et archivée selon les exigences légales. Cela réduit les risques de perte, de falsification ou de litige, et garantit l’intégrité des informations comptables. L’entreprise dispose d’un historique complet et certifié de ses échanges, ce qui simplifie grandement les audits ou les contrôles fiscaux.

Une meilleure intégration comptable et analytique

Les factures électroniques, émises dans un format structuré, peuvent être intégrées automatiquement dans les logiciels de gestion et de comptabilité. Cette automatisation ouvre la voie à :

  • des rapprochements automatiques entre factures, bons de commande et règlements ;
  • une réduction du risque d’erreur humaine ;
  • une analyse plus fine des flux de dépenses et de revenus grâce à des tableaux de bord dynamiques.

👉 Les directions financières disposent ainsi d’une vision instantanée et fiable de la situation de l’entreprise.

Une démarche durable et responsable

Enfin, la disparition du papier s’inscrit dans une logique écologique et durable. Moins d’impressions, moins de transport postal, moins d’archivage physique : la facture électronique contribue directement à la réduction de l’empreinte carbone des entreprises. Adopter la e-facture, c’est aussi afficher une volonté d’aligner sa gestion sur des pratiques modernes, numériques et respectueuses de l’environnement.

6. Comment s’y préparer dès maintenant ?

La réussite de la transition vers la facturation électronique dépend avant tout de l’anticipation. Attendre 2026 pour s’y mettre serait une erreur stratégique. La réforme implique à la fois des ajustements techniques, des évolutions organisationnelles et une montée en compétence des équipes. Voici les étapes clés pour aborder ce changement sereinement.

Faire un diagnostic de l’existant

Avant toute chose, il est essentiel d’établir un état des lieux précis de son processus de facturation actuel :

  • Quels outils sont utilisés pour émettre et recevoir les factures ?
  • Quelle part du flux est déjà dématérialisée ?
  • Les données comptables sont-elles centralisées ou dispersées ?
  • Quelles sont les interactions avec les clients et fournisseurs ?

👉 Ce diagnostic permettra d’identifier les points faibles, les risques de rupture et les éventuels besoins de mise à jour logicielle. Il servira également de base pour choisir la solution la plus adaptée à la structure de l’entreprise.

Les experts-comptables peuvent jouer ici un rôle de conseil stratégique, en aidant leurs clients à évaluer la maturité de leur système comptable et à anticiper les évolutions réglementaires.

Choisir son mode de connexion : PPF ou PDP

L’entreprise devra ensuite décider par quel canal elle souhaite transmettre et recevoir ses factures. Deux grandes options s’offrent à elle :

  • Passer directement par le Portail Public de Facturation (PPF) : une solution gratuite, adaptée aux structures de petite taille ou à faible volume de factures.
  • Opter pour une Plateforme de Dématérialisation Partenaire (PDP) : un choix plus complet, qui offre des fonctionnalités supplémentaires (automatisation, intégration ERP, archivage, reporting, etc.).

👉 Il est recommandé de comparer plusieurs prestataires avant de s’engager, car les PDP auront chacune leurs spécificités en matière d’interface, de compatibilité logicielle et d’accompagnement.

Vérifier la compatibilité des outils comptables et ERP

La facturation électronique repose sur des formats standardisés (notamment UBL, CII et Factur-X). Il faut donc s’assurer que les outils utilisés aujourd’hui sont compatibles avec ces formats et capables de communiquer avec une PDP ou le PPF. Certains éditeurs de logiciels comptables préparent déjà des modules d’intégration directe pour simplifier la transition. Un audit technique en amont évitera les mauvaises surprises lors du basculement effectif.

Former et sensibiliser les équipes

Des sessions de formation ou de sensibilisation permettront de limiter les erreurs et d’assurer une transition fluide. C’est aussi l’occasion d’impliquer les équipes dans la refonte des processus internes, pour en faire un projet collectif plutôt qu’une contrainte imposée.

Anticiper les tests et la mise en production

Avant septembre 2026, il sera possible de tester les échanges en conditions réelles via des plateformes pilotes. Ces tests permettront de vérifier la bonne transmission des factures, la conformité des données et l’interopérabilité entre partenaires. Les entreprises qui auront testé tôt leurs flux auront un avantage opérationnel, car elles auront corrigé leurs erreurs avant l’entrée en vigueur officielle.

Faire de la e-facture un levier de modernisation

Enfin, au-delà de la conformité réglementaire, la facturation électronique peut être l’occasion de repenser toute la chaîne administrative :

  • automatiser les relances clients,
  • simplifier la gestion des paiements,
  • fluidifier les relations avec les fournisseurs,
  • et mieux exploiter les données financières.

👉 La réussite de la réforme passera aussi par l’adhésion des collaborateurs. Les équipes comptables, administratives et commerciales doivent être informées des changements à venir : nouveaux formats, délais, validation automatique, traçabilité, etc. En la considérant non pas comme une obligation, mais comme un outil d’efficacité et de pilotage, l’entreprise en tirera un réel bénéfice stratégique.

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