1. L’ikigaï : le point de convergence entre soi et le monde
À l’origine, l’ikigaï (生き甲斐) est un concept japonais qui signifie littéralement « raison d’être » ou « joie de vivre ». Il désigne ce qui rend la vie digne d’être vécue — ce qui vous donne l’élan le matin, même les jours difficiles.
Dans sa version popularisée en Occident, notamment par les travaux de Ken Mogi ou le succès du livre Ikigai : The Japanese Secret to a Long and Happy Life, l’ikigaï est souvent représenté comme la rencontre de quatre cercles :
- Ce que vous aimez faire (passion, plaisir)
- Ce pour quoi vous êtes doué (talent, compétences)
- Ce dont le monde a besoin (utilité, contribution)
- Ce pour quoi vous pouvez être payé (viabilité économique)
C’est au croisement de ces quatre dimensions que se trouve votre ikigaï : ce point d’équilibre entre épanouissement personnel, impact concret et activité durable.
Pourquoi est-ce un outil stratégique pour les entrepreneurs ?
Lorsqu’on crée une entreprise, on se laisse souvent guider par une idée, une opportunité ou une urgence. On fonce. On s’adapte. On livre. On s’épuise. Et à un moment, une question surgit : « Pourquoi est-ce que je fais tout ça ? » C’est là que l’ikigaï entre en scène.
Revenir à son ikigaï, c’est vérifier que l’entreprise que vous construisez est toujours au service de ce que vous êtes profondément — et non l’inverse. C’est prendre un instant pour se demander : « Cette activité, telle qu’elle est aujourd’hui, est-elle encore une source de joie, de sens et de maîtrise pour moi ? »
Cet exercice peut transformer la manière dont vous gérez vos priorités, vos offres et même vos relations clients. Il vous aide à sortir du mode survie pour revenir à une dynamique plus juste, plus alignée, plus durable.
On ne trouve pas forcément toutes les réponses d’un coup. Mais certains outils peuvent aider à éclaircir ce point, comme le journal de bord entrepreneurial ou le bilan du vendredi, deux rituels puissants pour reconnecter avec soi et relire le fil de ses décisions.
Ce qui arrive quand on s’éloigne de son ikigaï
Quand votre activité n’est plus alignée avec votre ikigaï :
- Vous travaillez de plus en plus… mais avec de moins en moins d’enthousiasme
- Vous commencez à dire oui à tout, par peur de manquer
- Vous perdez de vue pourquoi vous avez entrepris au départ
- Vous devenez efficace sur le mauvais chemin
Et le pire, c’est que cela peut arriver même quand les résultats économiques sont bons.
Voici 3 pistes simples pour reconnecter avec votre ikigaï sans tout remettre en question :
- Faites le point sur vos zones d’excitation vs d’épuisement
- Quelles tâches vous donnent de l’énergie ?
- Lesquelles vous vident, même si elles sont rentables ?
Tenez un journal pour objectiver vos ressentis.
Observez ce que vos clients aiment le plus chez vous
- Qu’est-ce qu’on vous demande tout le temps ?
- Qu’est-ce qui déclenche des retours positifs ?
- Cela correspond-il à ce que vous aimez faire vraiment ?
Souvent, les signes sont déjà là. Il suffit de les regarder avec attention.
Listez ce que vous feriez même sans être payé
- Quels projets ou missions poursuivriez-vous juste pour le plaisir / le sens qu’ils vous apportent ?
- Qu’est-ce qui vous rend fier à la fin d’une journée, indépendamment du chiffre d’affaires ?
Un mot d’équilibre
Il ne s’agit pas de bâtir une entreprise utopique où chaque tâche vous fait vibrer. Mais si votre activité est totalement déconnectée de votre ikigaï, alors elle devient une prison déguisée en succès.
Et à quoi bon construire une entreprise prospère si vous vous y perdez ?
Votre ikigaï n’est pas un luxe spirituel. C’est un levier stratégique, une ancre en période de doute, et une boussole pour des décisions cohérentes.
2. La vision : un cap pour orienter ses décisions
Il ne suffit pas de travailler dur. Encore faut-il travailler dans la bonne direction. Trop souvent, la vision est confondue avec une phrase inspirante glissée dans un pitch ou sur la page « À propos » du site. Mais une véritable vision entrepreneuriale est bien plus que cela. C’est une boussole stratégique, un repère constant qui oriente vos choix : quoi lancer, quoi arrêter, avec qui collaborer, quels projets refuser, quand ralentir ou pivoter. Sans ce cap, vous êtes à la merci de votre agenda, des opportunités extérieures ou des tendances du moment. Vous avancez… mais sans savoir si c’est vers le bon port.
Le scan du lundi est un rituel simple qui permet, chaque début de semaine, de rebrancher son agenda sur sa vision. En 15 minutes, vous pouvez reprendre le contrôle avant que les urgences ne vous emportent.
Une vision claire change tout
- Elle vous permet de dire non sans culpabiliser : chaque semaine, on vous proposera une idée « géniale », une collaboration « immanquable », une option « à ne pas rater ». Si vous n’avez pas de vision, vous dîtes oui — et vous vous éparpillez.
- Elle filtre vos décisions au quotidien : la vision agit comme un filtre stratégique : un projet peut sembler séduisant à court terme, mais s’il vous éloigne de votre destination, il devient toxique.
- Elle aligne votre équipe (ou vos partenaires) : même si vous êtes solo aujourd’hui, vous aurez tôt ou tard des collaborateurs, des freelance, des prestataires. Une vision claire permet d’éviter les incompréhensions, les efforts mal orientés ou les conflits invisibles.
Ce qui se passe quand la vision est floue (ou absente)
- Vous acceptez tous les clients, même ceux qui vous usent
- Vous testez tous les canaux sans réelle stratégie
- Vous changez de discours chaque trimestre
- Vous perdez en motivation, car vous ne voyez plus le « pourquoi”
En clair, vous passez en mode réaction, au lieu d’agir selon vos priorités profondes.
Application concrète
Pas besoin d’un document de 20 pages. Une vision peut tenir en quelques lignes, à condition d’être sincère, ambitieuse et suffisamment précise pour guider vos décisions.
- Rédigez votre vision à 3 ans : que voulez-vous avoir construit ? Pour qui travaillez-vous ? Quel impact souhaitez-vous produire ? Comment évolue votre rôle dans cette version-là de votre entreprise ? Exemple : « Dans 3 ans, j’ai une activité stable autour de 2 offres clés, je travaille avec des entrepreneurs engagés, je consacre 70 % de mon temps à la création de contenu stratégique, et je n’ai plus de rendez-vous subis. »
- Déclinez-la en axes de développement : votre vision devient alors un socle stratégique. À partir d’elle, vous pouvez fixer vos axes de croissance : quelles offres prioriser, quel segment client viser, quel mode de distribution privilégier. Exemples : renforcer l’indépendance financière / travailler avec des clients plus alignés / systématiser les tâches répétitives pour libérer du temps créatif
- Relisez-la chaque mois. Prenez 10 minutes chaque début de mois pour vous poser cette question : mes choix récents (projets, clients, offres, partenariats) me rapprochent-ils ou m’éloignent-ils de ma vision ? Si la réponse vous gêne, c’est le signe qu’il faut ajuster.
Un mot sur la protection du cap
Avoir une vision, c’est bien. La protéger, c’est essentiel. Cela signifie aussi penser à des fondations solides pour tenir sur la durée : bonne gestion, process robustes… et assurances adaptées.
Par exemple : si votre vision implique d’avoir un lieu d’accueil ou de conseiller des clients sensibles, une RC Pro ou une assurance multirisque devient un pilier de votre stabilité. Ce n’est pas un coût, c’est une garantie que votre cap peut être poursuivi, même en cas d’imprévu.
3. L’alignement stratégique : garder la cohérence dans le chaos
Dans le tumulte de l’entrepreneuriat, il est facile de se perdre. Le marché évolue vite, les clients réclament des adaptations constantes, les concurrents lancent sans cesse de nouvelles offres. Et dans cette course, on peut finir par réussir sans se reconnaître.
C’est là qu’intervient l’alignement stratégique. Il s’agit de maintenir l’équilibre entre trois forces essentielles :
- Votre vision long terme : ce que vous voulez construire, pourquoi vous entreprenez
- Vos objectifs de croissance : chiffre d’affaires, parts de marché, développement
- Vos valeurs personnelles : ce qui vous rend fier, ce que vous refusez de compromettre
Quand ces trois axes sont alignés, vous évoluez avec puissance, clarté et stabilité. Quand l’un d’eux est sacrifié, vous créez de la tension, de la confusion, voire du désengagement — y compris chez vous-même.
Pourquoi est-ce si précieux ?
L’alignement stratégique vous protège contre les dérives silencieuses :
- Scaler trop vite et perdre le sens
- Accepter des clients qui ne partagent pas vos valeurs
- Multiplier les offres au détriment de votre posture
- Suivre la tendance au lieu de tracer votre voie
Beaucoup d’entrepreneurs tombent dans ces pièges en pensant « c’est temporaire ». Mais ce temporaire dure… et un jour, ils se retrouvent à la tête d’une entreprise rentable, mais épuisante ou incohérente. L’alignement vous ramène à l’essentiel : construire une activité qui vous ressemble et qui tient la route.
Application concrète
Passez en revue vos dernières décisions. Prenez 3 décisions prises récemment : un nouveau client, une offre lancée, un investissement…
- Est-ce qu’elles vous rapprochent de votre vision ?
- Est-ce qu’elles respectent vos critères de croissance ?
- Est-ce qu’elles sont cohérentes avec vos valeurs ?
Si une seule réponse est non, attention à la dissonance qui s’installe.
Créez votre propre « grille d’alignement ». Avant de dire oui à un projet ou à une idée, vérifiez :
- Est-ce que ça sert ma vision ?
- Est-ce que c’est viable économiquement ?
- Est-ce que ça me ressemble profondément ?
Cette grille devient un filtre stratégique redoutable. Elle évite les détours inutiles.
Anticipez les risques à votre modèle. L’alignement stratégique ce n’est pas seulement des idées. C’est aussi la solidité de votre socle. Avez-vous les bons outils ? Les bons réflexes de gestion ? Les bonnes protections ?
Exemple concret : ii vous avez construit une activité stable, exigeante, avec une image de sérieux… ne laissez pas une faille juridique ou un imprévu venir tout mettre en péril.Souscrire une assurance professionnelle adaptée (RC Pro, multirisque, cyber, etc.) devient alors un acte de stratégie alignée — pas juste un geste administratif. C’est une manière de dire :
« Je construis un modèle cohérent, responsable, et je le protège. »