Par Jean-David Boussemaer, le 4 décembre 2025 - 6 min de lecture

PPSPS : Plan particulier de sécurité et de protection de la santé

Le plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS) est un document de prévention que chaque entreprise intervenante doit établir pour son chantier de bâtiment ou de génie civil. Il a une finalité claire : adapter aux réalités de vos travaux, de vos méthodes et de vos équipes les mesures de sécurité nécessaires pour éviter tout risque, aussi bien pour vos salariés que pour les autres intervenants.

PPSPS

1. En résumé

  • Le PPSPS est un document réglementaire obligatoire sur les chantiers soumis à coordination SPS, fondé sur les articles L.4532-9 et R.4532-56 à R.4532-74 du Code du travail et indissociablement lié au plan général de coordination en matière de sécurité et de protection de la santé (PGC/PGCSPS), complet en catégories 1 et 2, ou simplifié en catégorie 3 lorsqu’il existe des travaux à risques particuliers.
  • Il doit être élaboré par chaque entreprise intervenante - y compris les sous-traitants - avant tout démarrage sur site, dans un délai général de 30 jours (ou 8 jours pour certains travaux de second œuvre).
  • Le PPSPS décrit les travaux, identifie les risques spécifiques du chantier et détaille les mesures de prévention, notamment les protections collectives, l’organisation des secours et les modalités de contrôle.
  • Il constitue un outil opérationnel essentiel : il anticipe les dangers, organise la coactivité, rend les règles de sécurité compréhensibles pour toutes les équipes et sert de référence quotidienne sur le chantier.
  • Au-delà de la conformité, il a aussi un rôle juridique et s’inscrit dans une logique de prévention complémentaire à la garantie décennale, en limitant les situations à risque susceptibles d’engendrer incidents ou malfaçons.

2. Dans quel cadre légal s’inscrit-il ?

Le PPSPS s’inscrit dans le dispositif français de coordination « sécurité et protection de la santé » (SPS), prévu pour les opérations de bâtiment ou de génie civil où plusieurs entreprises interviennent. Son fondement se trouve au Code du travail : l’obligation générale de rédiger un PPSPS est posée à l’article L.4532-9, puis les modalités pratiques sont détaillées aux articles R.4532-56 à R.4532-74.

Ces articles réglementaires forment une sous-section dédiée aux opérations dites de première et deuxième catégories, c’est-à-dire celles qui nécessitent une coordination SPS et, par conséquent, un PGC/PGCSPS complet. En troisième catégorie, en présence de travaux à risques particuliers, un PGC simplifié est requis et appelle un PPSPS simplifié pour les entreprises concernées. Autrement dit, le PPSPS est juridiquement indissociable du PGC/PGCSPS, complet ou simplifié selon la catégorie de l’opération : le PGC fixe les règles communes du chantier, et chaque PPSPS vient préciser comment votre entreprise les applique dans le cadre exact de ses travaux.

Dès qu’un chantier relève de ce régime, vous n’êtes pas dans une logique « optionnelle ». Le Code du travail prévoit que toute entreprise appelée à intervenir doit établir son PPSPS avant son démarrage sur site, en prenant connaissance du PGC et après l’inspection commune du chantier. Ce point vaut pour les entreprises titulaires du marché comme pour les sous-traitants, quels que soient la durée de leur présence ou le caractère secondaire de leur lot : la responsabilité de prévention reste attachée à l’entreprise qui exécute les travaux.

Le cadre légal fixe aussi des délais stricts. L’article R.4532-56 donne un délai de trente jours à compter de la réception du contrat signé par le maître d’ouvrage pour élaborer le PPSPS et le remettre au coordonnateur SPS ou, selon les cas, au maître d’ouvrage. Certaines interventions courtes peuvent relever de délais réduits prévus dans les articles suivants, mais le principe reste celui d’un document prêt avant toute entrée en production sur le chantier.

Le coordonnateur peut exiger et contrôler. Le coordonnateur SPS a pour mission de collecter les PPSPS, de les analyser et de s’assurer de leur cohérence avec le PGC, puis de favoriser l’adaptation des mesures quand la coactivité l’impose. Le Code du travail lui impose aussi de communiquer aux entreprises les informations nécessaires, ainsi que les PPSPS des autres intervenants si vous en faites la demande, afin que chacun maîtrise les risques créés par les autres.

Il existe aussi une extension moins connue du cadre légal. Même hors coordination SPS, une entreprise peut être tenue de faire un PPSPS lorsqu’elle réalise seule une opération longue et importante en effectifs, sur des seuils précis. Dans ce cas, le plan est remis directement au maître d’ouvrage. Cela rappelle que le PPSPS est d’abord un outil de prévention obligatoire dès que l’opération présente un niveau de risque ou de complexité notable.

👉 Le PPSPS est un document réglementaire « de chantier » : il découle d’un environnement SPS piloté par le maître d’ouvrage et le coordonnateur, il est exigé avant le démarrage, il concerne chaque entreprise sans exception, et il est contrôlé comme une pièce centrale de la prévention sur site.

3. Quand le PPSPS est-il obligatoire ?

Le critère déclencheur est clair dans le Code du travail : vous devez rédiger un PPSPS à chaque fois que vous intervenez sur un chantier soumis à l’obligation d’établir un plan général de coordination SPS, complet ou simplifié selon la catégorie (PGC/PGCSPS). Cette obligation vaut pour toutes les entreprises appelées à intervenir « à un moment quelconque des travaux », y compris les sous-traitants, et le plan doit être prêt avant le début de votre intervention.

En pratique, cela recouvre les opérations de bâtiment ou de génie civil classées en première ou deuxième catégorie au sens de la coordination SPS. Dans ces deux catégories, la coordination est obligatoire dès qu’il y a coactivité, c’est-à-dire plusieurs entreprises ou travailleurs indépendants, présents simultanément ou successivement. Le maître d’ouvrage doit alors désigner un coordonnateur SPS, qui établit le PGC, et c’est ce PGC qui rend le PPSPS obligatoire pour chaque entreprise.

Les catégories renvoient à l’importance de l’opération. Sans entrer ici dans tous les seuils, la première catégorie correspond aux chantiers de grande ampleur (durée, effectifs, volume d’heures de travail), et la deuxième à des chantiers de taille intermédiaire mais suffisamment longs ou denses en main-d’œuvre pour imposer une coordination formalisée. Ce sont précisément ces opérations qui exigent un PGC complet, donc un PPSPS pour chacun des intervenants.

À l’inverse, pour les opérations de troisième catégorie, le PPSPS « classique » n’est pas exigé. En revanche, si l’opération comporte des travaux à risques particuliers au sens de l’arrêté du 25 février 2003, le coordonnateur établit un PGC simplifié et chaque entreprise concernée fournit alors un PPSPS simplifié. Cette nuance est importante : l’absence d’obligation de PPSPS en catégorie 3 ne signifie pas absence d’obligation de planification de la prévention.

Un autre point central est l’extension de l’obligation à tous les intervenants, y compris les sous-traitants et entreprises « périphériques » qui interagissent avec le chantier. Même si votre intervention est courte, même si vous arrivez en fin de chantier ou sur une phase très ciblée, vous devez produire votre PPSPS dès lors que le chantier relève d’un PGC complet (catégorie 1 ou 2). Le texte légal ne prévoit aucune exemption liée à la durée, et les rappels de la pratique professionnelle comme les décisions récentes confirment que la responsabilité de prévention suit l’entreprise exécutante.

4. Qui rédige le PPSPS et à quel moment ?

Le droit est très net sur ce point. Le PPSPS est rédigé par « l’entrepreneur » qui intervient sur le chantier, c’est-à-dire chaque entreprise exécutante pour ses propres travaux. Il ne s’agit pas d’un document produit par le coordonnateur SPS, mais bien d’un plan établi par vous, pour vos salariés, vos méthodes et votre organisation. Le coordonnateur SPS en est le destinataire et le pilote de cohérence au niveau global, mais la responsabilité d’écriture et de contenu appartient à l’entreprise intervenante.

La logique est la suivante. Le coordonnateur SPS prépare le plan général de coordination (PGC), qui fixe les règles communes de prévention sur le chantier. À partir de ce PGC, vous construisez votre PPSPS en l’adaptant à votre lot : vous y décrivez vos modes opératoires, les risques que votre intervention génère et les mesures de prévention que vous mettez en place. Le PPSPS est donc votre déclinaison opérationnelle du PGC, centrée sur votre activité.

Sur le calendrier, le PPSPS doit être prêt avant votre démarrage sur site. Le Code du travail impose un délai de trente jours à compter de la réception du contrat signé par le maître d’ouvrage pour l’établir et le remettre au coordonnateur SPS ou, selon les cas, au maître d’ouvrage. Ce délai vise à garantir que la prévention est pensée en amont, et non après coup, une fois les travaux lancés.

Le délai de trente jours peut être réduit. Lorsqu’il s’agit de travaux de second œuvre dans une opération de bâtiment, ou de travaux accessoires sur une opération de génie civil, le délai est ramené à huit jours, à condition que ces travaux ne figurent pas sur la liste des travaux à risques particuliers. L’idée est que, pour des interventions moins exposées et plus courtes, la réglementation autorise une production accélérée, sans supprimer l’obligation.

Enfin, le moment clé en pratique, juste avant la finalisation, est l’inspection commune. Vous la réalisez avec le coordonnateur SPS afin de prendre connaissance du chantier, de son environnement réel et des interfaces avec les autres entreprises. Cette visite nourrit votre PPSPS et permet d’ajuster les mesures prévues au plus près du terrain.

👉 Vous rédigez le PPSPS, parce que vous êtes l’entreprise exécutante. Vous le faites à partir du PGC, après inspection commune, puis vous le transmettez au coordonnateur SPS avant votre démarrage. Et vous respectez le délai réglementaire de trente jours, ou de huit jours dans les cas simplifiés.

5. Que doit contenir un PPSPS sérieux ?

Un PPSPS sérieux est un document opérationnel, pas un simple papier de conformité. La réglementation énumère des éléments précis attendus, mais l’objectif est surtout que le plan colle à votre réalité de chantier et soit immédiatement utilisable par vos équipes. Il doit montrer que vous avez compris le contexte, anticipé les dangers propres à votre intervention et organisé une prévention concrète.

  • La première brique est la description détaillée de votre intervention. Vous devez expliquer la nature exacte des travaux que vous réalisez, les phases successives, les moyens humains mobilisés, les matériels et engins utilisés, ainsi que vos procédés d’exécution. Cette partie n’est pas une présentation « commerciale » : elle sert à faire apparaître, noir sur blanc, ce qui dans vos méthodes peut générer des risques. Par exemple, une tâche en hauteur, un levage, une intervention en espace confiné, une coactivité ponctuelle dans une zone de circulation, ou l’utilisation de produits dangereux doivent être clairement situés dans le déroulé des travaux.
  • La deuxième brique est l’identification des risques prévisibles spécifiques à votre lot sur ce chantier précis. Il ne s’agit pas de recopier un catalogue générique de risques BTP. Vous devez lier chaque risque à votre situation réelle : l’environnement du chantier, les accès, les circulations, les interfaces avec les autres entreprises, la météo si elle influence vos opérations, la proximité de réseaux, la nature du sol, les zones de stockage, ou encore la présence du public. C’est l’analyse « chantier par chantier » qui fait la valeur juridique et pratique du PPSPS. Elle prouve que vous avez réfléchi à ce qui pourrait se produire ici, et pas ailleurs.
  • La troisième brique concerne les mesures de prévention. Vous devez détailler ce que vous mettez en place pour supprimer le risque quand c’est possible, ou le réduire quand il ne peut pas être supprimé. La réglementation insiste sur la hiérarchie des protections : d’abord la protection collective, ensuite la protection individuelle seulement si la première ne suffit pas. Dans le PPSPS, cela doit se traduire par des mesures concrètes et vérifiables : dispositifs de sécurisation des accès, balisage, protections de trémies, garde-corps, procédures de consignation, plan de circulation, organisation des levages, modes de montage ou d’étaiement sécurisés, contrôles des engins, ou choix d’EPI adaptés là où aucune protection collective n’est possible.
  • Un PPSPS sérieux précise aussi comment ces mesures seront suivies dans le temps. Le texte demande que vous indiquiez les conditions de contrôle, d’entretien et de maintien en conformité des protections mises en place. Autrement dit, vous ne vous contentez pas de dire « on met un garde-corps » : vous expliquez comment il est installé, qui vérifie sa stabilité, à quelle fréquence, et comment un défaut est traité. Cette partie est capitale en cas de contrôle ou d’accident, parce qu’elle montre que la prévention n’est pas théorique.
  • Enfin, un PPSPS complet encadre l’organisation générale de la sécurité sur site pour votre entreprise. Vous devez y faire figurer l’organisation des secours et de l’évacuation pour votre personnel, les consignes en cas d’accident, le repérage des moyens de secours disponibles sur le chantier, ainsi que les dispositions d’hygiène et de conditions de travail : installations sanitaires, vestiaires, zones de repos, gestion des déchets, et toute règle utile à la protection de la santé. L’objectif est que vos équipes sachent quoi faire immédiatement si un incident survient et dans quelles conditions travailler sans dégrader leur santé.

👉 Votre PPSPS doit être suffisamment clair et concret pour qu’un chef d’équipe, un intérimaire ou un nouvel embauché puisse comprendre comment travailler en sécurité dès la lecture, sans devoir interpréter ou deviner ce que vous aviez en tête. C’est ce niveau de lisibilité et d’ancrage terrain qui fait la différence entre un PPSPS « conforme sur le papier » et un PPSPS réellement protecteur.

6. Le PPSPS est un vrai outil de chantier

Sur un chantier, le PPSPS n’est pas un document que l’on archive pour « être en règle ». C’est un outil qui agit avant que les problèmes n’arrivent.

Sa première utilité est d’obliger l’entreprise à regarder la réalité du terrain avant de produire. En décrivant vos procédés et vos phases de travail, vous mettez en lumière les moments où le risque monte : une manutention complexe, une zone de coactivité, une intervention en hauteur, un levage, une production au contact de circulations d’engins. Cette anticipation « à froid » évite les décisions improvisées « à chaud », celles qui conduisent le plus souvent aux accidents.

Le PPSPS est aussi un outil collectif. Le chantier est un endroit où les risques ne viennent pas seulement de ce que vous faites, mais aussi de ce que les autres font autour de vous. Le plan particulier sert à expliciter vos interfaces : où vous passez, où vous stockez, quand vous intervenez, avec quels matériels, et ce que cela implique pour les autres entreprises. Une fois transmis au coordonnateur SPS, il devient une pièce de coordination : le coordonnateur peut repérer les incompatibilités entre lots, ajuster le phasage, ou imposer des protections supplémentaires pour éviter qu’une entreprise ne crée un danger pour une autre. C’est précisément ce rôle de cohérence entre interventions qui fait du PPSPS « le socle de la sécurité sur les chantiers » dans la pratique professionnelle.

Au quotidien, il agit comme un repère clair pour vos équipes. Le document fixe les règles de travail et les moyens de prévention de façon lisible. Sur un chantier où les intérimaires, sous-traitants et nouveaux arrivants se succèdent, cette clarté est essentielle. Un PPSPS bien construit réduit la part d’interprétation individuelle : chacun sait quels sont les risques de la tâche, quelles protections sont prévues, et ce qu’il faut faire si les conditions changent. C’est ce qui transforme le plan en outil vivant plutôt qu’en simple obligation administrative.

Il faut aussi voir le PPSPS comme un outil de protection juridique. En cas d’accident, ce document prouve que vous avez analysé les risques et défini des mesures de prévention adaptées au chantier. Les contrôles de l’inspection du travail et les décisions récentes de jurisprudence rappellent que cette obligation engage toutes les entreprises intervenantes, même en sous-traitance, et que l’absence ou l’insuffisance de PPSPS peut peser lourd dans l’analyse des responsabilités. Le PPSPS ne supprime pas le risque, mais il montre que vous l’avez traité sérieusement.

Le PPSPS s’inscrit dans la prévention pendant l’exécution des travaux : il vise à éviter les accidents et les dommages immédiats sur chantier. La garantie décennale prend le relais après réception. Elle est obligatoire pour les constructeurs et couvre, pendant dix ans, les dommages graves qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou le rendent impropre à sa destination.

👉 Le PPSPS est un outil de chantier parce qu’il anticipe les risques réels, organise la coactivité, guide les équipes au quotidien et renforce votre position en cas d’incident. Et il s’intègre naturellement dans une approche plus large où la prévention et les assurances construction, dont la décennale, forment un duo indispensable pour tenir un chantier avec sérénité. Le PPSPS est un document vivant : il doit être tenu à jour et adapté si les méthodes, le phasage, les effectifs, les matériels ou la coactivité évoluent de manière significative.

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