1. En résumé
- ➜ En France, le diététicien est un professionnel de santé dont le titre est strictement protégé par la loi, avec un rôle reconnu en nutrition clinique, collective et en santé publique.
- ➜ L’usage du titre est réservé aux personnes titulaires d’un diplôme ou d’une autorisation d’exercice reconnus, sous peine de sanctions pénales pour exercice illégal.
- ➜ La formation passe principalement par le BTS (BTS “Diététique” jusqu’à la session 2026, puis BTS “Diététique et nutrition” avec une première session en 2027). Les diplômes ouvrant droit à l’exercice figurent sur une liste réglementaire arrêtée par les ministres.
- ➜ Avant et pendant l’exercice, le diététicien doit s’enregistrer officiellement (désormais via le RPPS) et respecter des obligations administratives et professionnelles variables selon son mode d’exercice.
- ➜ L’assurance de responsabilité civile professionnelle est une obligation pour les professionnels de santé au titre de l’article L.1142-2 du Code de la santé publique.
2. Le métier : un professionnel de santé, un titre protégé
Être diététicien, ce n’est pas seulement « donner des conseils alimentaires ». Le Code de la santé publique définit un rôle qui dépasse la consultation individuelle : les diététiciens « contribuent à la définition, à l’évaluation et au contrôle de la qualité de l’alimentation servie en collectivité » et participent aux activités de prévention en santé publique dans le champ de la nutrition. Concrètement, cela couvre aussi bien le travail en établissement (hôpital, EHPAD, restauration collective, structures médico-sociales) que des actions de prévention, d’éducation nutritionnelle et d’amélioration de l’offre alimentaire, là où l’enjeu est la santé publique autant que la santé d’une personne.
Ce cadre explique pourquoi le titre est strictement encadré. Vous ne pouvez pas vous déclarer diététicien « au feeling » : « seules peuvent exercer la profession de diététicien » les personnes titulaires des diplômes/certificats/titres prévus par les textes ou d’une autorisation d’exercice, et l’intéressé porte alors le « titre professionnel de diététicien, accompagné ou non d’un qualificatif ». Autrement dit, ce n’est pas un simple intitulé marketing : c’est une qualité professionnelle reconnue et protégée par la loi.
La conséquence est directe dès que vous communiquez et dès que vous exercez. Si vous utilisez le titre sans remplir les conditions (sur un site, sur des réseaux sociaux, sur une plaque, une carte de visite, une facture, ou dans une offre de consultation), vous vous exposez au délit d’exercice illégal : le Code de la santé publique prévoit « un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende ». Les pouvoirs publics rappellent d’ailleurs explicitement que l’usage frauduleux du titre peut relever de cet exercice illégal et expose aux mêmes peines.
👉 Ce point n’est pas un détail administratif : il sécurise votre crédibilité et la confiance des patients. Une fois le titre acquis légalement, vous pouvez vous positionner clairement comme professionnel de santé, avec un périmètre reconnu, et construire une communication solide, sans zone grise.
La voie la plus connue pour devenir diététicien reste le BTS. Depuis la rentrée 2025, un nouveau référentiel est mis en œuvre sous l’intitulé « BTS Diététique et nutrition », avec une formation structurée autour de stages et de compétences directement liées aux interventions en santé publique et à la diététique thérapeutique. Cette mise en œuvre à partir de 2025 implique aussi une période de transition : la rénovation s’applique à partir de la rentrée 2025. Le calendrier des sessions est cadré par l’arrêté du 27 novembre 2024 : dernière session du BTS “Diététique” en 2026 et première session du BTS “Diététique et nutrition” en 2027.
L’enjeu, pour vous, est simple et non négociable :viser un diplôme qui figure sur la liste réglementaire ouvrant le droit d’exercer. Le Code de la santé publique rappelle explicitement que les diplômes, certificats ou titres permettant l’exercice sont ceux qui figurent sur une liste « arrêtée par les ministres chargés de la santé et de l’enseignement supérieur » . Et cette liste n’est pas théorique : elle est mise à jour par arrêté, comme l’arrêté du 24 mai 2024 qui énumère les diplômes reconnus pour exercer (dont le BTS « Diététique »). La prise en compte explicite du BTS « Diététique et nutrition » résulte ensuite de l’arrêté du 15 juillet 2025, publié au Journal officiel le 23 juillet 2025, qui modifie la liste.
4. Les obligations avant et pendant l’exercice
Avant même « d’entrer dans la profession », vous avez une obligation très concrète : vous faire enregistrer auprès du service ou de l’organisme désigné par le ministre chargé de la santé. Le Code de la santé publique précise que cet enregistrement intervient après vérification des pièces justificatives attestant de votre identité et de votre titre de formation (ou de votre autorisation d’exercice). Ce n’est pas une formalité « optionnelle » : l’idée est de garantir que les personnes qui se présentent comme diététiciens répondent bien aux conditions légales, et que leur identification professionnelle est fiable.
Point important à connaître si vous êtes en train de vous installer ou si vous reprenez un dossier : l’identification administrative a beaucoup évolué récemment. Les autorités publiques expliquent que la migration des professionnels historiquement enregistrés dans ADELI vers le RPPS a été menée depuis 2021 et qu’elle a été finalisée en octobre 2024 pour les derniers groupes concernés, avec l’objectif clair de faire du RPPS le répertoire d’identité de référence. Autrement dit, le « numéro ADELI » tend à devenir obsolète au profit d’un numéro RPPS, unique et utilisé comme base d’accès à de nombreux services numériques en santé.
Vos obligations « terrain » varient selon votre mode d’exercice. En libéral, vous gérez l’ensemble du parcours patient (information, traçabilité, documents, conditions de consultation), tandis qu’en salariat ou en établissement vous vous intégrez à des procédures internes (protocoles, hygiène, qualité, coordination). Dans tous les cas, ce choix (cabinet, structure, collectivité, EHPAD, entreprise, visio) détermine vos expositions réelles : public suivi, environnement de travail, fréquence des actes, déplacements, utilisation d’outils numériques. Et ce sont précisément ces paramètres qui doivent guider vos assurances, pour être couvert « juste », sans trous de garantie ni options inutiles.
5. Assurance : ce qui est obligatoire, et ce qui est vivement recommandé
La RC Pro, un socle (souvent incontournable en libéral)
Sur le plan légal, le point de départ est clair : le Code de la santé publique impose aux professionnels de santé d’être couverts par une assurance destinée à garantir leur responsabilité en cas de dommages corporels liés à leurs activités de prévention, de diagnostic ou de soins. Le même article prévoit aussi une disposition importante pour le libéral : les contrats peuvent comporter des plafonds de garantie, et les conditions de plafonnement pour les professionnels de santé exerçant à titre libéral sont fixées par décret en Conseil d’État.
Dans la pratique, si vous exercez en libéral, vous devez raisonner comme un professionnel exposé à des réclamations directement liées à votre accompagnement : erreur d’appréciation, omission, défaut d’information, recommandations inadaptées à un contexte médical ou à une pathologie, et plus largement tout préjudice que le patient pourrait relier à votre prise en charge.
👉 La RC Pro sert précisément à faire face à ces mises en cause, en finançant la défense et l’indemnisation lorsque votre responsabilité est engagée.
La protection juridique, pour ne pas gérer seul un litige
Même quand vous travaillez sérieusement, un litige peut surgir : contestation d’honoraires, patient mécontent, désaccord sur une prise en charge, conflit avec un bailleur, ou difficulté avec un prestataire (logiciel, site web, plateforme de prise de rendez-vous).
👉La protection juridique est conçue pour vous accompagner dans ces situations, avec un accès à des conseils, une prise en charge de démarches, et selon les contrats, une couverture de frais d’avocat ou d’expertise. L’intérêt est simple : vous éviter de subir une procédure « seul », surtout quand elle devient chronophage.
La multirisque professionnelle, si vous avez un local ou du matériel
Dès que vous avez un cabinet, ou même un bureau à domicile réellement équipé et déclaré comme espace professionnel, vous retrouvez des risques très classiques : dégât des eaux, incendie, vol, bris de matériel, et responsabilité civile « exploitation » (par exemple un patient qui se blesse dans la salle d’attente).
👉 La multirisque professionnelle sert à couvrir le local, les biens, et souvent ce volet « exploitation » qui est différent de la RC Pro liée à l’acte.