Par Jean-David Boussemaer, le 17 novembre 2025 - 6 min de lecture

Devenir IFP : formation, obligations et assurance

L’intermédiaire en financement participatif (plus connu sous le sigle IFP) accompagne les particuliers et les entreprises qui souhaitent recourir au crowdfunding sous forme de prêts. Avant de se lancer, il est indispensable de comprendre les conditions d’accès au métier, les obligations légales qui en découlent et la couverture d’assurance nécessaire pour exercer en toute sécurité.

devenir ifp

1. En résumé

  • L’intermédiaire en financement participatif agit comme tiers de confiance en sélectionnant les projets, en contrôlant les informations et en garantissant le respect des règles sans jamais manipuler les fonds.
  • Son statut exige des compétences solides en finance, droit du crédit et fonctionnement des plateformes, acquises soit par l’expérience professionnelle, soit par une formation spécialisée.
  • Il doit respecter des obligations strictes : immatriculation à l’ORIAS, procédures de vérification des utilisateurs, information complète et transparente, sélection rigoureuse des projets et collaboration avec un prestataire de services de paiement.
  • Il assure la sécurité et la conformité des opérations en mettant en œuvre des contrôles, en actualisant les documents réglementaires et en transmettant chaque année sa situation aux autorités.
  • Une assurance professionnelle est indispensable pour couvrir les risques liés aux erreurs d’analyse, manquements réglementaires ou incidents techniques.

2. Définition du statut IFP

L’IFP occupe une position déterminante dans le financement participatif, car il exerce une fonction de filtre, de contrôle et de protection. Il évalue les projets soumis à la plateforme, vérifie la cohérence des informations fournies, apprécie la capacité de remboursement des emprunteurs et s’assure que chaque opération respecte les seuils et règles imposés par le régulateur. Ce travail garantit que les projets manifestement irréalistes ou trop risqués ne sont pas proposés aux prêteurs, ce qui contribue à la qualité de l’offre et à la solidité du modèle économique.

Le rôle de l’IFP s’exerce au bénéfice des deux parties. Il protège les prêteurs contre des projets mal construits, mais aussi les emprunteurs contre des conditions inadaptées ou des pratiques excessives. Cette neutralité est indispensable pour préserver la confiance dans le financement participatif.

L’IFP doit transmettre aux utilisateurs une information claire, loyale et compréhensible. Cette obligation couvre l’ensemble des aspects essentiels, comme la description précise des risques, les modalités du prêt, les frais associés, les critères de sélection des projets ou encore les éventuels conflits d’intérêts. Il doit également garantir la traçabilité des échanges, sécuriser les données et mettre en place des procédures de détection de la fraude ou des comportements anormaux.

Les obligations de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme occupent une place centrale. L’IFP doit vérifier l’identité des prêteurs et des emprunteurs, surveiller les flux, repérer les anomalies et, si nécessaire, transmettre des déclarations aux autorités compétentes. Cet aspect structure profondément son organisation interne.

Le statut IFP se distingue clairement de celui de conseiller en investissements participatifs. Le CIP intervient sur des titres financiers et relève d’un cadre réglementaire proche de l’investissement en capital. L’IFP, à l’inverse, se consacre exclusivement aux prêts participatifs et se limite à la mise en relation entre prêteurs et emprunteurs, sans manipuler directement les fonds.

3. La formation pour devenir IFP

L’accès au statut ne dépend pas d’un diplôme obligatoire, mais d’une capacité réelle à justifier de compétences financières, juridiques et techniques. Le régulateur attend une maîtrise solide des critères d’analyse des projets, des règles encadrant le crédit et des mécanismes opérationnels propres au financement participatif.

L’expérience professionnelle constitue une première voie d’accès. Les profils issus de la banque, de l’analyse financière, de la conformité, du contrôle interne ou de la gestion d’entreprise disposent souvent des compétences recherchées, en particulier s’ils ont déjà traité des dossiers de crédit ou évalué la solvabilité d’entreprises.

La seconde voie repose sur la formation. Les organismes spécialisés proposent des programmes consacrés au cadre réglementaire, aux obligations de lutte contre le blanchiment, aux mécanismes du prêt participatif, aux responsabilités de l’IFP et à la construction de procédures internes. L’objectif est de permettre au futur intermédiaire d’opérer en parfaite maîtrise de ses obligations, notamment en matière d’information, de conformité, de gestion du risque et de collaboration avec un prestataire de services de paiement agréé. Le futur IFP doit également comprendre les étapes concrètes de son installation : constitution du dossier, immatriculation au registre de l’ORIAS, rédaction des procédures internes, choix du prestataire de paiement, mise en conformité du site, mise en place des outils de suivi et des dispositifs de contrôle.

4. Obligations légales et réglementaires de l’IFP

Le cadre juridique applicable à l’IFP est strict et repose sur l’immatriculation préalable à l’ORIAS. Cette condition indispensable atteste que l’intermédiaire satisfait aux critères réglementaires définis par le Code monétaire et financier et qu’il possède les compétences nécessaires à son activité.

La transparence occupe une place centrale. L’IFP doit expliquer comment il sélectionne les projets, sur quels éléments repose son analyse, quels seuils, garanties ou limites il applique et pour quelles raisons certains projets sont refusés. Cette transparence s’étend au suivi après publication. L’IFP doit informer les prêteurs en cas de retard ou de défaut, et assurer la mise à disposition d’informations actualisées.

Les obligations de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme imposent des vérifications systématiques. L’IFP doit identifier chaque utilisateur, surveiller les flux, repérer les anomalies et signaler les opérations suspectes. La qualité de cette surveillance conditionne la sécurité de l’ensemble de la plateforme.

La gestion des conflits d’intérêts fait partie intégrante des exigences réglementaires. L’IFP doit définir des règles internes strictes, séparer les fonctions susceptibles de créer un biais, éviter de favoriser certains emprunteurs et, dans de nombreux cas, s’interdire d’investir lui-même dans les projets qu’il sélectionne.

Le volet technique n’est pas secondaire. Une plateforme de financement participatif dépend de serveurs, d’outils numériques, d’algorithmes d’analyse et d’un prestataire de services de paiement. Les risques liés aux cyberattaques, à la perte de données, aux interruptions de service ou aux défaillances fonctionnelles doivent être anticipés.

Enfin, l’IFP doit actualiser chaque année son inscription ORIAS et démontrer qu’il respecte toujours les conditions d’exercice exigées par le régulateur.

5. Pourquoi une assurance professionnelle est-elle indispensable ?

Le statut IFP, même s’il est plus léger que celui d’un établissement de crédit, expose l’intermédiaire à des risques importants.

Chaque projet analysé, chaque information publiée, chaque suivi réalisé et chaque décision prise peut engager sa responsabilité civile en cas d’erreur ou d’omission. Une mauvaise appréciation d’un dossier peut induire en erreur des prêteurs. Un défaut d’information peut provoquer un litige. Une insuffisance dans le contrôle réglementaire peut conduire à des sanctions. Un incident technique peut paralyser la plateforme ou compromettre les données.

L’assurance responsabilité civile professionnelle constitue une protection essentielle. Elle couvre les dommages causés aux deux parties lorsqu’une faute, une négligence ou une omission entraîne un préjudice. Elle intervient aussi dans des situations plus rares mais potentiellement graves, comme les recours collectifs déclenchés après des défauts multiples sur une série de projets.

Une assurance multirisque professionnelle renforce cette protection. Elle couvre les locaux, les serveurs, les systèmes d’information, les données critiques et l’activité elle-même en cas d’incident matériel ou informatique. Dans une activité fondée sur le numérique, cette garantie contribue à la continuité et à la résilience de l’entreprise.

👉 En combinant ces assurances, l’IFP renforce la stabilité de son activité, rassure ses utilisateurs et se protège contre les conséquences financières et opérationnelles d’un incident ou d’un litige. Il ne s’agit pas d’une simple précaution, mais d’un véritable pilier du métier.

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