1. Travailler à contre-rythme
La plupart des professionnels organisent leurs journées autour de leurs tâches, rarement autour de leur niveau d’énergie. On ouvre son agenda, on aligne les cases, on coche des to-do lists… sans jamais se demander : « Suis-je dans le bon état pour cette tâche-là, maintenant ? » Et c’est ainsi que l’on se retrouve à devoir rédiger un dossier stratégique à 15h30, en pleine digestion, ou à participer à une réunion créative à 8h alors qu’on n’a pas encore reconnecté deux neurones.
Pourquoi c’est épuisant ?
- Ce fonctionnement crée une friction permanente entre vos attentes et vos capacités du moment.
- Vous consommez une quantité d’énergie démesurée pour des résultats médiocres.
- Vous finissez par associer travail profond et souffrance.
- Ce désalignement déclenche un cercle vicieux : procrastination → culpabilité → perte d’estime → fatigue → procrastination.
Travaillez avec votre biorythme
Votre niveau d’énergie fluctue naturellement au fil de la journée. Cela ne fait pas de vous quelqu’un de paresseux, mais quelqu’un de vivant. Apprendre à l’écouter, c’est devenir plus intelligent dans votre façon de travailler. Voici comment faire concrètement :
- Repérez vos créneaux d’énergie haute : ce sont les moments où vous êtes le plus lucide, concentré, créatif. Pour certains, c’est le matin à jeun. Pour d’autres, en fin de matinée ou en début de soirée.
- Observez pendant une semaine à quels moments vous êtes dans votre « flow ». Quand ressentez-vous une clarté d’esprit ? Une envie d’agir ? Réservez-les à vos tâches vitales et placez-y vos activités à forte valeur ajoutée : création, écriture, réflexion stratégique, décisions importantes. Traitez ces créneaux comme non négociables : pas de notifications, pas de réunions.
- Exploitez vos « heures basses » intelligemment: il ne s’agit pas de ne rien faire, mais de faire autrement. Utilisez les moments d’énergie plus basse pour le traitement d’e-mails, les tâches administratives, les lectures... Ces activités mécaniques ne demandent pas la même qualité de présence.
- Ne surchargez pas vos fins de journée : le cerveau a besoin de décompression progressive pour récupérer. Le soir, évitez les tâches lourdes. Préférez les revues calmes, les rituels de clôture, les temps de recentrage.
Le bénéfice : moins d’effort, plus d’impact
Quand vous travaillez avec votre rythme, vous entrez dans un mode d’action fluide et puissant :
- Vous êtes plus rapide sans vous presser.
- Vous ressentez moins de résistance interne.
- Vous gagnez en régularité sans épuisement.
Ce n’est pas en travaillant plus que l’on avance durablement, mais en travaillant au bon moment.
2. Dire oui quand vous pensez non
Chaque jour, vous êtes sollicité pour une réunion, un appel, un service, une opportunité « à ne pas manquer », un projet « urgent mais pas très clair »… Et, trop souvent, vous dites oui, presque machinalement. Pas par conviction. Pas parce que cela alimente votre vision. Mais parce que vous avez peur de froisser, rater, décevoir ou passer à côté de quelque chose.
Pourquoi c’est épuisant ?
- Dire oui par défaut, c’est comme ouvrir en grand les vannes de votre réservoir d’énergie, sans filtre.
- Vous laissez les autres piloter votre agenda, vos priorités, et parfois même votre énergie.
- Chaque « oui » mal placé est un « non » que vous vous êtes infligé à vous-même.
Dire non ne signifie pas être rigide, fermé, ou individualiste. C’est protéger vos ressources, pour mieux les offrir là où elles font la différence. Voici comment y parvenir :
- Clarifiez vos priorités. Chaque semaine, identifiez ce qui est vital, stratégique, structurant. Notez-le. Gardez-le sous les yeux. Cela devient votre boussole, cela vous permettra de reconnaître immédiatement ce qui s’éloigne de votre cap. Si ce n’est pas un oui enthousiaste ou utile, c’est probablement un non.
- Apprenez à dire non simplement. Pas besoin de vous justifier longuement. Une phrase suffit : « Je ne suis pas disponible pour ça cette semaine. » / « Ce n’est pas une priorité pour moi en ce moment. » La clarté calme. Vous n’avez pas à tout expliquer. Vous avez à vous respecter. Remplacez le « oui automatique » par un « je te redis »
- Gagnez du temps de réflexion : « Je regarde et je te tiens au courant. » Cela vous évite de répondre sous pression ou par réflexe. Et cela vous permet de revenir avec une réponse alignée, en accord avec votre tempo intérieur.
Astuce : un « budget énergie » hebdo
Considérez votre énergie comme une ressource limitée et précieuse, à répartir intelligemment. Chaque oui consomme une part de ce budget.
Chaque lundi, vous pouvez vous poser ces questions : quelles sont mes 3 priorités non négociables ? Quelles demandes ai-je reçues que je pourrais poliment décliner ? Où vais-je dire un vrai « oui », choisi, aligné ?
3. Sauter d’une tâche à l’autre sans pause
Dans le tumulte de vos journées, vous pouvez avoir l’impression de ne jamais vous arrêter… Mais avez-vous réellement avancé sur l’essentiel ?
Pourquoi c’est épuisant ?
- Votre cerveau n’a pas le temps de se reconfigurer entre deux sujets différents.
- Chaque micro-interruption coûte de l’attention, de la mémoire, de l’ancrage..
- Vous restez en surface mentale, incapable de plonger dans un vrai travail de fond. Une étude de l’Université de Californie a montré qu’il faut en moyenne 23 minutes pour retrouver sa pleine concentration après une interruption. Imaginez l’impact quand votre journée entière est une suite d’interruptions déguisées en « petites tâches ».
Le multitâche est souvent un piège, comme le montre aussi la règle du 3-3-3.
Intégrez des sas de régénération
Les meilleurs professionnels ne sont pas ceux qui travaillent le plus longtemps. Ce sont ceux qui savent quand s’arrêter, et comment récupérer. Voici quelques leviers simples mais puissants pour restaurer votre énergie mentale entre les tâches :
- Des micro-pauses conscientes : 2 à 5 minutes de respiration, de silence, ou de recentrage entre deux blocs de travail. Marchez, étirez-vous, regardez au loin, buvez un verre d’eau. Votre cerveau a besoin de ces ruptures pour digérer et se réorganiser.
- Une vraie pause déjeuner : sans écran, sans messagerie, sans téléphone. Offrez à votre système nerveux un moment de déconnexion active, pas une pause scrollée. Même 20 minutes suffisent à créer un effet de relance.
- Des créneaux sans sollicitation : coupez vos notifications. Passez en mode avion. Offrez-vous du « deep work » sans interruption. Ce n’est pas un luxe. C’est une condition de concentration durable.
Astuce pratique : la règle du 52/17
C’est une méthode simple et efficace, basée sur l’observation de professionnels très performants.
- Pendant 52 minutes : une seule tâche, aucun multitâche. Téléphone en silencieux, onglets fermés, objectif clair.
- Pendant 17 minutes : marchez, respirez, bougez, sortez prendre la lumière. Pas d’écran, pas de « petite tâche utile ».
Cela respecte le cycle naturel d’attention et de récupération. Cela permet à votre cerveau de traiter en profondeur, puis de décompresser efficacement. Et, cela installe un rythme durable, sans surchauffe mentale.