Par Jean-David Boussemaer, le 29 septembre 2025 - 9 min de lecture

Carte S : obligatoire pour les syndics professionnels

Le métier de syndic professionnel est strictement encadré par la loi. Pour exercer légalement, un syndic doit détenir une carte professionnelle spécifique, appelée carte « S ». Délivrée par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), cette carte constitue une garantie de sérieux et de fiabilité pour les copropriétaires.

carte s

1. Qu’est-ce que la carte professionnelle S ?

La carte professionnelle « S » est le sésame indispensable pour exercer en tant que syndic de copropriété en France. Elle fait partie des cartes professionnelles prévues par la loi Hoguet du 2 janvier 1970, un texte fondateur qui encadre l’ensemble des professions immobilières, qu’il s’agisse des agents immobiliers, des administrateurs de biens ou encore des marchands de listes. Chaque carte correspond à une spécialité précise, identifiée par une lettre, et la lettre « S » est exclusivement réservée à l’activité de syndic de copropriété.

Il s’agit avant tout d’une obligation légale : aucun syndic professionnel ne peut exercer sans cette carte. En pratique, elle conditionne la légalité de l’activité, et tout professionnel qui ne la possède pas agit dans l’illégalité, s’exposant à des sanctions lourdes pouvant aller jusqu’à l’annulation de ses mandats. Pour les copropriétaires, vérifier son existence est donc un réflexe essentiel avant de confier la gestion d’un immeuble.

La délivrance de la carte « S » relève de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du lieu d’implantation de l’entreprise de syndic. L’organisme examine le dossier et s’assure que le demandeur remplit toutes les conditions prévues par la loi : compétences professionnelles, honorabilité, assurance de responsabilité civile professionnelle et, le cas échéant, garantie financière.

La carte n’est pas attribuée de manière définitive. Sa validité est limitée à trois ans et elle doit être renouvelée à chaque échéance. Ce renouvellement suppose que le syndic fournisse à nouveau ses justificatifs, démontrant qu’il respecte toujours ses obligations, notamment en matière d’assurance et de garantie financière. Ce mécanisme instaure un contrôle régulier et maintient un haut niveau de rigueur et de fiabilité dans le temps.

En l’absence de carte professionnelle « S », un syndic ne peut pas représenter légalement une copropriété, ni signer un contrat de mandat. Une assemblée générale qui désignerait un syndic dépourvu de ce document prendrait donc une décision contestable, susceptible d’être annulée par la suite.

2. Les conditions pour obtenir la carte S

L’obtention de la carte professionnelle « S » n’est pas automatique : elle répond à des critères stricts définis par la loi Hoguet. Ces conditions visent à garantir que les syndics de copropriété disposent des compétences, de la probité et des garanties nécessaires pour gérer les biens et les fonds des copropriétaires en toute sécurité.

La compétence professionnelle

Un syndic doit démontrer qu’il possède les connaissances et le savoir-faire indispensables à la gestion d’une copropriété. Cette compétence peut être prouvée de deux manières :

  • Par le diplôme : certaines formations ouvrent directement droit à la carte, comme le BTS Professions Immobilières, une licence ou un master dans les domaines du droit, de l’économie ou du commerce.
  • Par l’expérience : à défaut de diplôme, il est possible d’obtenir la carte « S » en justifiant d’une expérience professionnelle significative dans une activité immobilière, par exemple comme gestionnaire de copropriété ou collaborateur d’un syndic.

Cette exigence assure que le professionnel maîtrise les bases juridiques, financières et techniques de la gestion immobilière.

L’honorabilité

L’activité de syndic implique la gestion de fonds et la représentation légale d’autrui. Il est donc indispensable que le demandeur présente toutes les garanties d’honorabilité. Concrètement, cela se traduit par :

  • Un casier judiciaire exempt de condamnations liées notamment à la probité, aux affaires financières ou à la gestion de biens.
  • L’absence d’interdiction d’exercer une activité commerciale ou de gestion.

Cette vérification protège les copropriétaires contre le risque de confier leurs biens à des personnes condamnées pour fraude ou abus.

L’assurance responsabilité civile professionnelle

Pour obtenir sa carte, le syndic doit justifier d’une assurance responsabilité civile professionnelle. Cette couverture est essentielle car elle prend en charge les conséquences financières d’éventuelles fautes, erreurs ou négligences dans l’exercice du métier.

Exemple : une erreur dans la tenue de la comptabilité, une omission lors de l’exécution d’une décision d’assemblée générale ou un litige avec un prestataire peuvent engager la responsabilité du syndic. L’assurance protège alors à la fois le professionnel et les copropriétaires.

La garantie financière

Enfin, si le syndic est amené à manipuler ou détenir des fonds (charges de copropriété, provisions, fonds de travaux, etc.), il doit obligatoirement souscrire une garantie financière. Celle-ci joue un rôle crucial :

  • Elle sécurise l’argent des copropriétaires contre tout risque de détournement ou de faillite du syndic.
  • En cas de défaillance, la garantie permet de rembourser les sommes dues à la copropriété.

3. Les obligations du syndic détenteur de la carte S

La gestion administrative et financière de la copropriété repose sur le syndic, véritable interlocuteur central. Il élabore et suit le budget prévisionnel de l’immeuble, procède à l’appel et à l’encaissement des charges de copropriété auprès des copropriétaires, tient une comptabilité claire et conforme aux normes avec des comptes séparés pour chaque copropriété, et veille à la bonne exécution des contrats avec les prestataires (entretien, nettoyage, sécurité, etc.). En résumé, il assure la gestion quotidienne et veille au bon fonctionnement de la copropriété sur les plans financier et opérationnel.

Le syndic a également pour mission d’organiser et de tenir les assemblées générales. Il convoque les copropriétaires dans le respect des délais et formalités légales, prépare l’ordre du jour en collaboration avec le conseil syndical, rédige et conserve les procès-verbaux des décisions votées, puis met en œuvre ces décisions, qu’il s’agisse de travaux, de changement de prestataires ou d’actions en justice. L’assemblée générale étant l’organe décisionnel de la copropriété, le syndic en est le garant opérationnel.

La transparence et la rigueur dans la gestion des comptes constituent une autre responsabilité majeure. Les copropriétaires doivent pouvoir avoir confiance dans la gestion de leur immeuble. Le syndic est ainsi tenu de tenir des comptes clairs, réguliers et vérifiables, de présenter chaque année les documents comptables en assemblée générale et de permettre aux copropriétaires et au conseil syndical d’accéder aux pièces justificatives. La transparence financière, en plus d’être une obligation légale, demeure un gage de confiance et de bonne gouvernance.

Enfin, le syndic détenteur de la carte « S » doit respecter des règles déontologiques et légales précises. Il se conforme aux dispositions de la loi Hoguet et de ses décrets d’application, observe les règles de déontologie professionnelle comme la loyauté, l’impartialité et la diligence, et se tient informé des évolutions réglementaires grâce à la formation continue, indispensable au renouvellement de la carte. Ces obligations renforcent la protection des copropriétaires et garantissent que le syndic agit toujours dans l’intérêt collectif.

4. Renouvellement et sanctions

La carte professionnelle « S » n’est pas attribuée une fois pour toutes : elle doit être renouvelée tous les 3 ans auprès de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). Ce renouvellement permet de vérifier que le syndic continue de remplir ses obligations légales et professionnelles.

Le renouvellement de la carte

Pour conserver sa carte « S », le syndic doit déposer un dossier de renouvellement avant l’expiration du titre. Ce dossier comprend :

  • L’attestation d’assurance responsabilité civile professionnelle en cours de validité.
  • La garantie financière, si le syndic détient ou manipule des fonds pour le compte de la copropriété.
  • La preuve du respect de l’obligation de formation continue (42 heures sur 3 ans ou 14 heures par an minimum).
  • Les documents administratifs actualisés concernant la société ou la personne physique exerçant l’activité.

Ce mécanisme garantit que seuls les syndics sérieux et conformes à la réglementation peuvent continuer à exercer.

Les conséquences d’un défaut de renouvellement

Si le syndic ne renouvelle pas sa carte dans les délais, il perd automatiquement le droit d’exercer. Concrètement, cela signifie :

  • L’impossibilité de signer ou de reconduire un contrat de syndic.
  • La nullité de plein droit de tout mandat conclu sans carte valide.
  • Le risque pour la copropriété de se retrouver sans représentant légal, ce qui peut bloquer son fonctionnement.

Les sanctions encourues en cas d’exercice illégal

Un syndic qui continue à exercer sans carte valide commet une infraction. Les conséquences peuvent être lourdes :

  • Sanctions pénales : amendes importantes, voire peines complémentaires comme l’interdiction d’exercer une activité immobilière.
  • Sanctions civiles : annulation des contrats de syndic conclus illégalement et possibilité pour les copropriétaires de demander réparation.
  • Responsabilité personnelle : le syndic peut être tenu de rembourser les sommes perçues et d’indemniser les préjudices causés.

5. Syndic bénévole et syndic coopératif : une exception

La carte professionnelle « S » est obligatoire pour les syndics professionnels, mais la loi prévoit deux exceptions : le syndic bénévole et le syndic coopératif. Ces deux modes de gestion permettent à une copropriété de fonctionner sans recourir à un syndic professionnel, et donc sans exiger la détention de la carte.

Le syndic bénévole est généralement un copropriétaire élu par l’assemblée générale pour gérer l’immeuble. Il n’a pas besoin de carte professionnelle, puisqu’il n’exerce pas l’activité à titre lucratif ni en tant que prestataire extérieur. Ses missions restent toutefois identiques à celles d’un syndic professionnel : gestion administrative, suivi comptable et organisation des assemblées générales. Sa responsabilité peut être engagée en cas de faute, d’où l’intérêt de souscrire une assurance responsabilité civile personnelle, même si elle n’est pas toujours obligatoire. Ce choix est souvent privilégié dans les petites copropriétés, où il permet de réduire les coûts.

Le syndic coopératif repose quant à lui sur une organisation encore plus collective. Dans ce modèle, c’est le conseil syndical qui assume directement les missions du syndic, sans déléguer la gestion à une personne extérieure. Un président du conseil syndical est élu, mais il agit au nom du collectif et non comme un syndic professionnel. Là encore, aucune carte « S » n’est nécessaire puisque la gestion reste interne à la copropriété. Cette formule favorise l’implication des copropriétaires et encourage une gouvernance démocratique, mais elle exige une forte disponibilité ainsi que des compétences partagées entre les membres du conseil.

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