Catastrophes naturelles : pas que pour les autres
Quand on parle de catastrophes naturelles, on pense souvent aux grandes inondations du Sud-Ouest, aux feux de forêt en été ou aux tempêtes qui frappent la Bretagne. On se dit que ça n’arrive qu’aux autres, que sa ville est épargnée, ou que son activité n’est pas vraiment exposée. C’est une erreur. Et une erreur qui peut coûter cher.
Des milliers de communes touchées chaque année
Depuis 1982, près de 6 000 communes en moyenne font l’objet, chaque année, d’une reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle (source : Service des données et études statistiques (SDES))
Les causes sont variées :
- Inondations
- Coulées de boue
- Sécheresses et affaissements de terrain
- Glissements de terrain
Aucun territoire n’est totalement épargné. Que vous soyez commerçant en zone urbaine, artisan en campagne ou dirigeant d’une TPE dans une zone industrielle, le risque est bien là.
Des dégâts qui se chiffrent en dizaines de milliers d’euros
Une catastrophe naturelle, ce n’est pas seulement un événement impressionnant. C’est surtout un coût :
- Machines et équipements hors d’usage
- Stocks détruits
- Locaux inutilisables
- Perte d’exploitation pendant plusieurs jours, voire semaines
- Travaux de remise en état non prévus
Un phénomène qui va s’intensifier
Le plus préoccupant, c’est que ces événements ne sont plus l’exception, mais deviennent la norme. Selon les projections de Météo France et de la CCR, le réchauffement climatique va entraîner :
- Des épisodes de fortes pluies plus intenses et soudains
- Une augmentation des sécheresses provoquant des affaissements de sols
- Des incendies plus fréquents et destructeurs
- Une multiplication des phénomènes extrêmes (grêle, tempêtes…)
En clair, ce qui semblait “exceptionnel” hier devient progressivement “prévisible”. Et cela change tout pour une entreprise.
Assurance professionnelle : votre bouclier invisible
Face à la violence d’une catastrophe naturelle, votre meilleur réflexe ne sera ni la bâche ni la pelle. Ce sera d’avoir anticipé. Et pour cela, l’assurance professionnelle reste votre meilleur allié. Encore faut-il bien la comprendre.
Toutes les assurances ne se valent pas
Beaucoup d’entrepreneurs pensent qu’ils sont protégés parce qu’ils ont souscrit une responsabilité civile professionnelle (RC Pro). C’est une erreur fréquente: la RC Pro couvre les dommages causés à autrui, mais pas ceux causés à vos biens.
Pour être indemnisé en cas d’inondation, de grêle ou de glissement de terrain, vous devez disposer d’une assurance multirisque professionnelle, dans laquelle figure une garantie “catastrophes naturelles”.
Cette garantie n’est pas toujours incluse par défaut. Il est donc essentiel de vérifier les conditions générales de votre contrat ou de faire un point avec votre assureur.
Ce que couvre une bonne garantie catastrophes naturelles
Lorsqu’elle est activée, cette garantie peut prendre en charge :
- Locaux professionnels dégradés (plafond effondré, vitrines brisées, murs infiltrés…)
- Équipements électriques, machines, outils rendus inutilisables
- Mobilier et décoration endommagés
- Marchandises et stocks détruits par l’eau, la boue ou le feu
- Les frais de remise en état
- Nettoyage des locaux
- Évacuation des déchets
- Travaux de réparation
- Honoraires d’expertise
La perte d’exploitation (en option)
Imaginez que votre boutique ou atelier soit fermé pendant plusieurs semaines : pas de chiffre d’affaires, mais toujours des charges à payer (loyer, salaires, abonnements…). Avec la garantie Perte d'exploitation, vous pouvez être indemnisé pour compenser cette période d’interruption forcée.
Une condition indispensable : la reconnaissance officielle
Pour que l’assurance puisse intervenir dans le cadre d’une catastrophe naturelle, l’état de catastrophe naturelle doit être reconnu par un arrêté ministériel publié au Journal Officiel.
Cet arrêté est généralement pris dans les jours ou semaines suivant l’événement, à la demande de la commune. Sans cette reconnaissance, l’assurance ne peut pas activer la garantie spécifique. D’où l’importance de réagir rapidement et de signaler les dégâts sans attendre.
Ce que risquent ceux qui ne sont pas assurés
Voici deux scénarios inspirés de cas réels :
- Élodie, fleuriste en bord de Garonne : sa boutique a été inondée en 2022. Elle n’avait qu’une RC Pro, sans assurance multirisque. Résultat : 6 mois d’arrêt d’activité, 42 000 € de pertes. Elle a dû fermer.
- Thomas, restaurateur en Provence : un feu de forêt s’est approché de son établissement, et la fumée a endommagé les équipements. Grâce à sa garantie catastrophes naturelles dans son contrat multirisque, il a été indemnisé en deux semaines et a rouvert après nettoyage.
Les bons réflexes à adopter
La meilleure assurance, c’est souvent celle qu’on a bien choisie avant d’en avoir besoin. Pour faire face aux catastrophes naturelles et limiter leur impact sur votre entreprise, voici les réflexes à adopter dès aujourd’hui.
Vérifiez vos contrats d’assurance actuels
Avant toute chose, prenez le temps de relire les garanties de vos contrats professionnels. Trop d’entrepreneurs pensent être couverts… jusqu’au jour où ils découvrent que leur contrat exclut certains événements naturels ou ne prévoit pas d’indemnisation pour les pertes d’exploitation.
Posez-vous les bonnes questions :
- Mon contrat mentionne-t-il explicitement la garantie “catastrophes naturelles” ?
- Suis-je couvert pour les dommages aux biens, mais aussi pour l’interruption d’activité ?
- Les montants d’indemnisation sont-ils adaptés à la valeur réelle de mon stock, de mon matériel et de mes locaux ?
Un simple oubli ou une mauvaise lecture peut coûter très cher. N’hésitez pas à demander une relecture accompagnée à votre courtier.
Faites un point régulier sur votre zone de risque
Les conditions climatiques évoluent rapidement. Une commune autrefois paisible peut devenir, en quelques années, une zone à risque : inondations répétées, sécheresses fragilisant les sols, vents violents…
Renseignez-vous auprès de votre mairie ou de sites spécialisés (comme Georisques.gouv.fr) pour connaître :
- Les cartes d’aléas climatiques
- Les arrêtés de catastrophe naturelle récents
- Les risques émergents liés au changement climatique
Un point annuel avec votre assureur permet d’ajuster votre contrat en fonction de l’évolution de votre activité et de votre environnement.
Optez pour une multirisque professionnelle complète
Si vous possédez un local, du matériel, du stock ou si vous accueillez du public, la multirisque professionnelle est un incontournable.
Elle permet de :
- Regrouper plusieurs garanties essentielles dans un seul contrat (incendie, dégât des eaux, vol, catastrophes naturelles…)
- Être indemnisé rapidement en cas de sinistre
- Préserver la continuité de votre activité grâce à la garantie perte d’exploitation
Certes, cela représente un coût mensuel. Mais face aux dommages potentiels, c’est un investissement stratégique, non une dépense superflue.
Simulez un sinistre : l'exercice qui fait réfléchir
Imaginez un scénario catastrophe : votre boutique est inondée, votre matériel inutilisable pendant trois semaines, vos commandes annulées. Combien cela vous coûterait en pertes directes et indirectes ?
Faites cet exercice concret :
- Valeur du stock ou des machines à remplacer ?
- Frais de nettoyage ou de travaux ?
- Chiffre d’affaires perdu ?
- Charges fixes à payer malgré tout ?
Puis comparez ce total au plafond de garantie de votre assurance. Cela permet de prendre conscience des vrais enjeux, et souvent… d’ajuster ses garanties en conséquence.