Par Jean-David, le 13 mai 2025 - 6 min de lecture

Charges fixes : définition, liste et calcul

Quand on lance son entreprise, il est essentiel de bien connaître ses coûts pour prendre des décisions éclairées. Parmi ces coûts, les charges fixes jouent un rôle déterminant. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Comment les identifier et les calculer ? Et surtout, à quoi servent-elles dans la gestion quotidienne d'une activité ? On vous explique tout.

charges fixes

Définition : qu’est-ce qu’une charge fixe ?

Une charge fixe (également appelée charge de structure) désigne une dépense incompressible, récurrente et indépendante du niveau d’activité de l’entreprise. Autrement dit, c’est un coût que l’entreprise doit supporter quels que soient son chiffre d’affaires ou son volume de production. Même si vous ne réalisez aucune vente sur une période donnée, vous devrez tout de même vous acquitter de vos charges fixes.

Caractéristiques principales des charges fixes

  • Stabilité à court terme : les montants sont généralement constants d’un mois sur l’autre (sauf révision contractuelle).
  • Prévisibilité : elles sont facilement anticipables, ce qui facilite l’établissement de budgets.
  • Indépendance vis-à-vis de l’activité : elles ne dépendent ni du nombre de clients, ni des ventes réalisées.
  • Impact sur le seuil de rentabilité : plus elles sont élevées, plus vous devez générer de chiffre d’affaires pour atteindre la rentabilité.

Exemples typiques de charges fixes

  • Le loyer de vos bureaux ou de votre boutique
  • Les salaires fixes versés chaque mois à vos salariés (hors primes variables)
  • Les abonnements à des services numériques (logiciels SaaS, CRM, etc.)
  • Votre assurance professionnelle (responsabilité civile pro, multirisque, etc.)
  • Les honoraires mensuels de votre expert-comptable
  • Les charges sociales forfaitaires dues sur les rémunérations, y compris en l’absence d’activité

Certaines dépenses peuvent être mixtes, c’est-à-dire comporter une part fixe et une part variable. Par exemple :

  • Une facture d’électricité comprend souvent un abonnement fixe + une partie variable selon la consommation.
  • Un salaire avec primes sur objectifs mêle une base fixe à une composante variable.

Dans ce cas, seule la part fixe est à considérer dans le calcul des charges fixes.

Comment lister ses charges fixes ?

Lister précisément ses charges fixes est une étape clé pour piloter son activité, construire un prévisionnel ou calculer son seuil de rentabilité. Une liste claire et exhaustive vous permettra d’avoir une vision fiable de vos coûts de fonctionnement, et donc de prendre de meilleures décisions stratégiques.

Voici une méthode en 4 étapes simples mais efficaces pour recenser vos charges fixes.

1. Analyser ses relevés bancaires professionnels

Commencez par examiner vos relevés bancaires des 3 à 12 derniers mois. L’objectif est de repérer :

  • les prélèvements récurrents mensuels ou annuels (ex : loyer, logiciels, assurances),
  • les montants identiques qui reviennent régulièrement,
  • les paiements automatiques effectués à date fixe.

Filtrez vos opérations par mot-clé (par exemple "ABO", "LOYER", "RC PRO") pour gagner du temps.

2. Vérifier les contrats en cours

Passez ensuite en revue l’ensemble de vos engagements contractuels, notamment :

  • Le bail commercial ou professionnel (loyer, charges locatives fixes, taxe foncière refacturée),
  • Les abonnements logiciels (CRM, outil de facturation, stockage cloud…),
  • Les contrats d’assurances professionnelles (Responsabilité Civile Pro, multirisque pro, etc.),
  • Les prestataires réguliers (expert-comptable, maintenance, prestataires techniques avec forfaits…),
  • Les forfaits de communication (téléphonie, Internet).

Veillez à noter les échéances, montants et modalités de reconduction automatique.

3. Interroger son comptable

Votre expert-comptable est un allié précieux. Il peut :

  • Vous aider à classer chaque charge entre fixe, variable ou mixte,
  • Vous fournir un état des charges par nature, issu de votre comptabilité,
  • Vous alerter sur des charges à venir (ex : cotisations sociales trimestrielles, régularisations).

Si vous utilisez un logiciel comptable ou un outil connecté à votre banque, certains proposent déjà des catégorisations automatiques à exploiter.

4. Créer un tableau de suivi clair (Excel, Google Sheets…)

Enfin, formalisez votre travail dans un tableau simple, que vous pourrez mettre à jour chaque mois. Exemple de colonnes à intégrer :

Nom de la chargeMontantPériodicitéDate d’échéanceFournisseurType
Loyer local pro1 200 €MensuelleChaque 5 du moisXFixe
RC Pro480 €Annuelle12 marsAssurupFixe
Electricité75 € env.MensuelleSelon la consommationZMixte
Abonnement CRM29 €MensuelleChaque 2 du moisYFixe

Pensez à ajouter un total mensuel et annuel en bas de tableau pour avoir une vue d’ensemble de vos charges fixes.

Comment calculer le montant des charges fixes ?

Une fois que vous avez identifié et listé toutes vos charges fixes, il est essentiel de quantifier leur poids réel dans votre structure. Cela vous permettra de mieux piloter votre activité, de fixer vos prix en connaissance de cause, et surtout de calculer votre seuil de rentabilité. Voici comment procéder étape par étape.

Calculer le total mensuel des charges fixes

Additionnez l’ensemble des charges fixes qui reviennent chaque mois. Cela vous donne une vision immédiate du “coût de fonctionnement mensuel” de votre entreprise, que vous ayez des clients ou non.

Exemple :

  • Loyer : 1 200 €
  • Abonnement logiciel : 50 €
  • RC Pro : 20 € (480 € / 12 mois)
  • Comptabilité : 100 €

Total mensuel des charges fixes = 1 370 €

N’oubliez pas de mensualiser les charges annuelles (comme certaines assurances ou abonnements) pour intégrer leur poids réel dans votre suivi mensuel.

Calculer le total annuel

Pour anticiper à plus long terme, multipliez le total mensuel par 12, ou additionnez les montants exacts si certains sont irréguliers ou dus en une seule fois.

Exemple (suite) : Total mensuel : 1 370 € → Total annuel estimé = 16 440 €

Cela vous permet de vérifier si votre chiffre d'affaires annuel prévisionnel est suffisant pour couvrir vos charges fixes sur l’année.

Calculer le seuil de rentabilité

Le seuil de rentabilité (ou point mort) correspond au chiffre d'affaires minimum que vous devez réaliser pour ne pas être en perte. Il vous permet de savoir à partir de quel niveau d’activité vous commencez à générer un bénéfice.

Formule simplifiée : Seuil de rentabilité = Charges fixes / Taux de marge sur charges variables

Taux de marge sur charges variables = (Chiffre d’affaires – Charges variables) / Chiffre d’affaires

Pourquoi ce calcul est stratégique ?

  • Il oriente vos objectifs commerciaux : vous savez combien vous devez vendre chaque mois.
  • Il vous permet de tester différents scénarios : que se passe-t-il si vous augmentez vos charges fixes ? si vous baissez votre marge ?
  • Il vous aide à mieux négocier avec vos partenaires financiers (banques, investisseurs).
  • Il vous donne une vision claire de votre seuil de sécurité, ce qui est rassurant pour piloter votre activité.

Pourquoi bien connaître ses charges fixes est essentiel ?

Connaître ses charges fixes, ce n’est pas seulement une question de comptabilité. C’est un véritable levier de pilotage stratégique pour tout entrepreneur, qu’il soit en micro-entreprise, indépendant, dirigeant de TPE ou de start-up. Voici pourquoi vous devez absolument les suivre de près.

Prévoir votre trésorerie avec précision

Les charges fixes tombent chaque mois, quoi qu’il arrive, y compris en cas de chute temporaire d’activité. Elles représentent donc une pression permanente sur votre trésorerie. Si vous ne les anticipez pas correctement, vous risquez d’avoir des difficultés de paiement, voire de vous retrouver à découvert.

Exemples concrets :

  • Un loyer professionnel doit être payé même si vous êtes en congés ou sans client.
  • Votre abonnement à un outil métier continue d’être prélevé, même sans usage.

En connaissant précisément le montant de vos charges fixes, vous pouvez constituer une trésorerie de sécurité équivalente à 2 ou 3 mois de fonctionnement.

Fixer vos prix de manière rentable

Vos tarifs doivent obligatoirement couvrir vos charges fixes et variables, tout en intégrant votre marge.

Si vous ne prenez pas en compte vos charges fixes, vous risquez de vendre à perte sans même vous en rendre compte.

Un bon calcul de vos prix repose sur une vision claire de vos coûts. En intégrant vos charges fixes dans votre modèle économique, vous vous assurez de vendre au bon prix, celui qui vous permettra non seulement de survivre, mais de prospérer.

Anticiper et maîtriser la croissance

Une entreprise qui se développe voit souvent ses charges fixes augmenter mécaniquement :

  • Location de nouveaux bureaux ou ateliers,
  • Embauche de salariés,
  • Investissements dans des outils ou logiciels plus performants,
  • Frais généraux plus élevés (assurances, services externes, etc.).

Plus votre structure devient complexe, plus vos charges fixes deviennent lourdes à porter en cas de ralentissement.

En surveillant régulièrement leur évolution, vous pourrez accompagner votre croissance sans prendre de risques financiers inutiles.

Identifier les leviers de rentabilité

Certaines charges fixes peuvent être optimisées, renégociées ou supprimées, sans nuire à votre activité.

Exemple : passer d’un logiciel pro à 79 €/mois à une alternative équivalente à 29 €/mois, ou renégocier votre assurance pro à garanties égales.

Les assurances professionnelles, les prestations externes, ou les abonnements logiciels sont souvent des postes où des économies intelligentes sont possibles.

Faites un audit de vos charges fixes au moins une fois par an pour éliminer les dépenses superflues ou peu rentables.

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