1. Les garanties de base mobilisables en cas d’émeute
Lorsqu’une émeute éclate, les professionnels peuvent voir leur outil de travail gravement touché. La bonne nouvelle est que la multirisque professionnelle inclut généralement, dans ses garanties de base, la couverture des dommages causés par les émeutes, mouvements populaires, actes de vandalisme ou attroupements.
Les locaux professionnels
Les émeutes s’accompagnent souvent de dégradations visibles sur les bâtiments :
- Bris de vitres et vitrines : une cible fréquente lors de mouvements de foule, notamment pour les commerces de centre-ville.
- Portes, serrures et systèmes de fermeture : endommagés par effraction.
- Façades et enseignes : abîmées par des tags, incendies ou jets de projectiles.
- Aménagements intérieurs : cloisons, sols, plafonds détériorés lors d’intrusions.
Le matériel et les équipements
Une entreprise ne se limite pas à ses murs : son matériel est souvent ce qui lui permet de fonctionner au quotidien. En cas d’émeute, sont couverts :
- Mobilier de bureau : chaises, bureaux, comptoirs, rayonnages…
- Équipements informatiques : ordinateurs, imprimantes, serveurs, caisses enregistreuses.
- Machines de production ou de service : indispensables pour les artisans, commerçants et professions techniques.
Les marchandises
Les pillages représentent un risque majeur lors des émeutes. La multirisque pro couvre :
- Le vol de marchandises : consécutif à une intrusion ou effraction.
- Les dégradations : incendie, casse, souillure rendant les produits invendables.
- Les pertes de stocks : causées par le vandalisme ou les mouvements de foule.
2. La perte d’exploitation : un aspect souvent méconnu
Quand on pense aux émeutes, on imagine immédiatement des vitrines brisées ou des locaux incendiés. Pourtant, au-delà des dommages matériels visibles, le véritable danger pour une entreprise réside dans l’arrêt ou le ralentissement de son activité. C’est dans ces situations que la garantie perte d’exploitation, généralement optionnelle dans une multirisque professionnelle, joue un rôle déterminant pour assurer la survie financière de l’entreprise.
L’une des premières conséquences d’un sinistre est le manque à gagner. Si les locaux ou le matériel deviennent inutilisables, l’entreprise peut se retrouver dans l’impossibilité de produire ou de vendre.
En parallèle, certaines charges continuent à peser sur l’entreprise même si celle-ci est à l’arrêt : loyers, salaires, charges sociales, abonnements.
Enfin, il arrive que, pour limiter l’impact de l’arrêt, l’entreprise doive engager des frais supplémentaires (location d’un local provisoire, achat de matériel de remplacement).
Exemple : une boulangerie contrainte de fermer deux semaines après un incendie lié à une émeute peut être indemnisée pour payer le personnel et le loyer malgré l’absence de recettes.
Point de vigilance : la durée d’indemnisation est limitée (souvent 6 mois, parfois jusqu’à 36 mois selon les contrats).
3. Les exclusions et limites à connaître
Même si l’assurance multirisque professionnelle constitue une protection solide face aux émeutes, il est essentiel de comprendre que tous les dommages ne sont pas systématiquement couverts. Chaque contrat comporte des exclusions et des limites.
- Les dommages matériels causés par les émeutes et les mouvements populaires sont couverts par dérogation à l’exclusion générale relative aux guerres et assimilés. Cette garantie s’exerce à défaut ou en complément de l’article L2216-3 du Code Général des Collectivités Territoriales, qui prévoit la responsabilité de l’État pour les crimes et délits commis lors d’attroupements ou rassemblements armés ou non.
- L’assurance ne joue jamais lorsque les dommages ont été causés intentionnellement par l’assuré lui-même ou par ses salariés.
- La multirisque couvre principalement les pertes matérielles. En revanche, certaines conséquences indirectes ne sont pas indemnisées, sauf si une garantie spécifique a été souscrite (atteinte à l’image, perte de clientèle future, pénalités contractuelles).
- La plupart des contrats comportent une franchise : par exemple, si une franchise de 1 000 € est prévue et que les dégâts s’élèvent à 8 000 €, l’indemnisation sera de 7 000 €.
- Les plafonds d’indemnisation fixent une limite maximale, par exemple sur les marchandises ou la durée d’indemnisation en cas de perte d’exploitation.
4. Les démarches à suivre en cas de sinistre lié à une émeute
Pour obtenir une indemnisation après des dommages causés par une émeute, il ne suffit pas de constater les dégâts. L’assureur exige des démarches précises et rapides.
- Déposer plainte auprès des autorités (police ou gendarmerie) et obtenir un récépissé.
- Déclarer le sinistre à la compagnie d’assurance dans les délais impartis.
- Constituer un dossier de preuves : photos, vidéos, inventaire des biens, factures d’achat ou de réparation.
- Coopérer avec l’expert mandaté par l’assureur, qui évalue l’ampleur des dommages et l’impact sur l’activité.
Attention : un retard ou un dossier incomplet peut entraîner une réduction, voire un refus d’indemnisation.