Par Jean-David Boussemaer, le 12 novembre 2025 - 6 min de lecture

Suis-je couvert par ma RC Pro en cas de faille de sécurité ?

Une simple faille peut exposer des données sensibles, paralyser un système informatique ou entacher la réputation d’un professionnel. Une question essentielle se pose alors : en cas d’incident, la responsabilité civile professionnelle (RC Pro) couvre-t-elle les conséquences d’une faille de sécurité ?

rc pro faille de sécurité

1. En résumé

  • La responsabilité civile professionnelle (RC Pro) protège les tiers contre les erreurs ou fautes du professionnel, mais elle ne couvre pas les pertes subies par ce dernier ni les incidents purement cyber.
  • Les attaques informatiques, piratages ou fuites de données sont généralement exclues des contrats de RC Pro, car elles relèvent de risques techniques distincts.
  • La RC Pro peut intervenir uniquement si l’incident cyber résulte d’une négligence prouvée du professionnel, dans des limites strictes et sans prise en charge des coûts techniques.
  • L’assurance cyber, complémentaire à la RC Pro, couvre les conséquences directes d’une attaque : restauration des systèmes, pertes d’exploitation, gestion de crise et indemnisation des tiers.
  • Une protection efficace repose sur la lecture attentive des contrats, l’évaluation des risques spécifiques, la mise en place de mesures de sécurité et la souscription conjointe d’une RC Pro et d’une assurance cyber.

2. Comprendre la RC Pro et ses limites

La responsabilité civile professionnelle, ou RC Pro, est la pierre angulaire de la protection de toute activité indépendante ou entrepreneuriale. Elle vise à indemniser les tiers – clients, partenaires ou fournisseurs – qui subiraient un dommage du fait d’une erreur, d’une omission, d’un retard ou d’une faute commise dans l’exercice professionnel. Cette couverture permet d’éviter qu’un incident, même involontaire, ne mette en péril la trésorerie ou la pérennité de l’entreprise.

La montée en puissance des risques numériques a bouleversé la notion de responsabilité professionnelle. Une faille de sécurité, une intrusion dans un système informatique ou une fuite de données ne relèvent pas forcément d’une faute humaine directe. Ces événements sont souvent provoqués par des attaques extérieures, difficiles à anticiper, et dont les conséquences s’étendent bien au-delà du périmètre classique de la RC Pro. C’est pourquoi les assureurs considèrent désormais ces situations comme un risque cyber à part entière, relevant d’une couverture spécifique.

Il est important de préciser que la RC Pro ne couvre jamais les pertes propres au professionnel lui-même (perte de ses données, paralysie de son activité, atteinte à son image). Elle est conçue uniquement pour indemniser les tiers.

3. Les failles de sécurité, un risque souvent exclu

Dans la plupart des contrats de responsabilité civile professionnelle, les incidents relevant de la cybersécurité - qu’il s’agisse d’une attaque informatique, d’un piratage, d’une faille dans un logiciel ou d’une fuite de données - figurent parmi les exclusions standard. En effet, ces événements ne sont pas considérés comme des fautes professionnelles classiques, mais comme des risques techniques ou criminels nécessitant une approche d’assurance différente.

Une cyberattaque peut avoir de multiples origines : un virus introduit dans le réseau, une faille exploitée par un hacker, un collaborateur victime d’un hameçonnage, voire une mauvaise configuration de serveur. Dans tous les cas, les conséquences peuvent être lourdes : perte ou vol de données clients, interruption d’activité, atteinte à la réputation, voire sanctions liées au non-respect du RGPD. Pourtant, dans ce type de scénario, la RC Pro traditionnelle ne joue pas automatiquement.

Prenons un exemple concret : un consultant ou une agence gère les données confidentielles d’un client, et un pirate accède à ces informations à cause d’une faille non détectée. Si le client subit une perte financière ou une atteinte à son image, il peut engager la responsabilité du prestataire. Mais sans clause spécifique relative au risque cyber, l’assureur refusera souvent d’indemniser ces dommages, estimant qu’ils relèvent d’une menace numérique et non d’une faute ou d’une négligence professionnelle au sens strict.

Certains contrats récents prévoient toutefois des extensions limitées, qui couvrent partiellement les conséquences d’un incident cyber, notamment lorsque la négligence du professionnel est clairement démontrée. Néanmoins, cette protection reste marginale.

4. Quand la RC Pro peut intervenir

Dans certains contrats récents, les compagnies d’assurance ont commencé à intégrer une couverture partielle des conséquences d’une faille de sécurité, à condition que la responsabilité du professionnel soit clairement engagée. Autrement dit, la RC Pro peut intervenir si l’incident trouve son origine dans une négligence prouvée : absence de mise à jour d’un logiciel, mot de passe trop faible, défaut de sauvegarde régulière, non-conformité aux obligations du RGPD ou encore absence de protocole de sécurité minimal.

Dans ce type de situation, l’assureur ne couvre pas l’attaque elle-même, mais les dommages indirects qu’elle provoque. Par exemple, si un client subit une perte d’exploitation à la suite d’un incident imputable à un manquement du professionnel, la RC Pro peut prendre en charge l’indemnisation du tiers ou les frais de défense juridique en cas de litige. L’objectif est alors de protéger le professionnel contre les conséquences financières d’une faute reconnue, sans pour autant étendre la garantie à l’ensemble du risque cyber.

Il faut toutefois garder à l’esprit que ces couvertures restent très encadrées et limitées dans leurs montants. Elles ne couvrent ni les coûts techniques de restauration des systèmes informatiques, ni les pertes propres à l’entreprise victime de l’attaque. En résumé, la RC Pro peut servir de filet de sécurité ponctuel lorsque la responsabilité du professionnel est engagée, mais elle ne remplace en aucun cas une assurance cyber, seule capable d’offrir une protection complète face à l’ampleur des risques numériques actuels.

5. L’assurance cyber : un complément indispensable

Pour bénéficier d’une protection complète face aux menaces informatiques, il est fortement conseillé de souscrire une assurance cyber-risques. Cette couverture, distincte ou complémentaire à la RC Pro, est spécialement conçue pour faire face aux conséquences financières, juridiques et opérationnelles d’une cyberattaque ou d’une faille de sécurité. Là où la RC Pro s’arrête, l’assurance cyber prend le relais.

Elle intervient d’abord pour couvrir les frais de restauration du système. Après une attaque, il faut souvent mobiliser des experts pour rétablir les serveurs, récupérer les données perdues et sécuriser à nouveau les accès. Ces opérations peuvent être extrêmement coûteuses, surtout pour une petite structure dépourvue de service informatique interne.

L’assurance cyber prend également en charge les pertes d’exploitation consécutives à l’incident. Lorsqu’un système est paralysé, l’entreprise ne peut plus produire, vendre ou honorer ses contrats. Cette perte de chiffre d’affaires temporaire peut fragiliser la trésorerie, voire menacer la survie de l’activité.

Dans le cas d’une attaque par ransomware, où les données sont bloquées contre paiement d’une rançon, l’assurance peut couvrir les frais de négociation, de récupération ou de reconstitution des informations. Elle accompagne aussi l’entreprise dans la gestion de crise, en coordonnant les experts en cybersécurité et les conseils juridiques.

Autre aspect essentiel : l’obligation légale de notification aux clients et aux autorités (notamment la CNIL) en cas de fuite de données personnelles. Cette démarche requiert des moyens de communication, du temps et parfois l’assistance d’un cabinet spécialisé, des coûts souvent inclus dans le contrat.

Enfin, l’assurance cyber indemnise les dommages subis par des tiers. Si des clients, fournisseurs ou partenaires sont affectés par la faille, elle prend en charge les réclamations et les éventuelles indemnisations. En somme, cette assurance agit comme un bouclier global, protégeant non seulement les systèmes informatiques, mais aussi la réputation et la stabilité financière de l’entreprise après un incident numérique.

6. Que se passe-t-il si la faille était connue préalablement ?

Si la faille était déjà connue avant l’incident et qu’aucune mesure corrective n’a été prise, l’assureur peut considérer qu’il s’agit d’une négligence avérée du professionnel. Dans ce cas :

  • La RC Pro peut éventuellement intervenir, mais uniquement si le contrat prévoit une clause couvrant la responsabilité du professionnel en cas de manquement à ses obligations de sécurité (ex. : absence de mise à jour ou de correctif).
  • Si la faille avait été signalée publiquement (par l’éditeur du logiciel, un bulletin de sécurité ou le CERT) et que le professionnel n’a pas appliqué le correctif, l’assureur pourra refuser l’indemnisation, estimant que le risque était prévisible et évitable.
  • En revanche, si la faille était connue mais que la correction n’était pas encore disponible, la situation est différente : la responsabilité du professionnel ne sera retenue que s’il n’a pas mis en œuvre de mesures compensatoires raisonnables (restriction d’accès, surveillance renforcée, sauvegardes).

👉 Plus la faille était connue et documentée avant l’incident, plus la probabilité que l’assureur invoque la négligence pour limiter ou refuser la prise en charge est élevée.

7. Comment bien se protéger ?

Pour être réellement protégé face aux risques numériques, il ne suffit pas de souscrire une assurance : encore faut-il bien comprendre les limites de sa couverture et adopter de bonnes pratiques de prévention.

  • Lire attentivement les exclusions afin d’identifier les situations non couvertes.
  • Évaluer les risques cyber propres à son activité selon la nature des données et des outils utilisés.
  • Mettre en œuvre des protocoles de sécurité solides : sauvegardes régulières, mises à jour, antivirus, mots de passe robustes, formation du personnel.
  • Compléter sa RC Pro par un contrat d’assurance cyber adapté pour une protection complète.

👉 Dans un environnement où la cybersécurité devient un enjeu majeur de continuité d’activité, disposer de ces deux volets d’assurance est aujourd’hui un choix stratégique plus qu’une simple précaution.

Avec Assurup souscrivez aux meilleurs contrats d'assurance, le plus rapidement possible et sans prise de tête :signe_victoire:


Et bénéficiez de conseils d’experts, d’une plateforme de gestion sécurisée, des tarifs prénégociés et sans frais de dossier, sans honoraires et sans frais de conseils.

Souscrivez votre assurance professionnelle en ligne

rc pro retraite

Comment résilier son contrat RC Pro lors du départ à la retraite ?

Avant de prendre sa retraite, certaines démarches doivent être anticipées, notamment la résiliation de son assurance RC Pro. Cette couverture, indispensable pendant l’activité, n’a plus lieu d’être une fois l’activité cessée - sauf cas particuliers où une garantie postérieure est nécessaire.

FAQ Assurances publié le 06 novembre 2025
rc pro plainte patient

Comment réagir face à la plainte d’un patient ou d’une famille ?

Recevoir une plainte d’un patient ou d’un proche peut être vécu comme une remise en cause personnelle. Pourtant, c’est une situation à laquelle tout professionnel de santé peut être confronté, même en exerçant avec rigueur. Savoir réagir avec calme et méthode permet non seulement d’apaiser le conflit, mais aussi de protéger sa réputation et sa responsabilité.

FAQ Assurances publié le 05 novembre 2025
rc pro ciblage publicitaire

Suis-je couvert par ma RC Pro en cas d’erreur de ciblage publicitaire ?

Le marketing digital n’est pas une science exacte, et même les professionnels les plus aguerris peuvent commettre des erreurs. Un mauvais paramétrage d’audience, un ciblage géographique erroné ou une diffusion non conforme à la demande du client… autant de situations qui peuvent vite générer des pertes financières et ternir la relation commerciale.

FAQ Assurances publié le 04 novembre 2025