RC Pro : une garantie pour les dommages causés à des tiers
L’assurance RC Pro protège l’entreprise lorsqu’un tiers (client, fournisseur, partenaire) subit un dommage causé par une faute, une négligence ou une erreur professionnelle. Elle peut couvrir :
- Les dommages corporels (ex. : blessure d’un client causée par un équipement mal sécurisé),
- Les dommages matériels (ex. : détérioration d’un bien confié),
- Les dommages immatériels consécutifs, c’est-à-dire résultant directement d’un dommage matériel ou corporel (ex. : perte d’exploitation après un sinistre causé par l’assuré).
Mais attention : la RC Pro ne couvre pas l’inexécution ou le simple non-respect d’un contrat. Elle intervient uniquement si le retard est dû à une faute professionnelle avérée ayant causé un préjudice indemnisable à un tiers. Autrement dit, elle protège contre les conséquences d’une erreur, pas contre les retards dus à un simple aléa de planning.
Retard dans un projet : que couvre vraiment l’assurance ?
Couverture possible… sous conditions
Un retard dans la réalisation d’un projet peut être pris en charge si :
- Il entraîne un dommage réel et prouvé pour le client (perte de chiffre d’affaires, opportunité commerciale ratée…),
- Le dommage est considéré comme immatériel consécutif à une faute ou omission de votre part (par exemple, une erreur de calcul, un oubli dans la planification, un défaut de pilotage),
- Et votre contrat RC Pro prévoit bien la prise en charge de ce type de dommage.
Exemple : vous livrez un audit digital avec plusieurs semaines de retard, ce qui empêche votre client de lancer une campagne publicitaire à temps, causant un manque à gagner significatif. Si ce retard est imputable à une faute professionnelle clairement identifiée, et si votre contrat couvre les dommages immatériels consécutifs, alors la RC Pro pourrait intervenir. Mais à condition que le lien de causalité entre la faute et la perte soit reconnu.
Le client (ou son assureur) devra donc prouver :
- L’existence d’une faute professionnelle,
- Le dommage subi (préjudice économique réel),
- Et le lien de causalité direct entre cette faute et le dommage.
À noter : certains contrats RC Pro haut de gamme prévoient une extension pour les dommages immatériels non consécutifs (pures pertes financières). Ces garanties sont rares, optionnelles et réservées à certains secteurs (ESN, agences de communication, cabinets d’audit…).
Non couvert dans de nombreux cas
La RC Pro ne prend généralement pas en charge :
- Les retards sans préjudice démontré pour le client,
- Les dommages immatériels non consécutifs, sauf clause spécifique,
- Les simples manquements contractuels (retard sans faute ou sans dommage réel),
- Les pénalités de retard contractuelles prévues dans les CGV ou les contrats clients : elles restent à la charge directe du professionnel,
- Les plaintes fondées uniquement sur une insatisfaction client (retard perçu comme gênant, mais sans perte économique quantifiable).
Sans RC Pro : quels risques concrets pour les indépendants ?
- Pénalités contractuelles automatiques : certains contrats prévoient des pénalités progressives (ex. : X % du montant total pour Y jours de retard…). Ces pénalités ne sont jamais prises en charge par la RC Pro.
- Dommages et intérêts : en cas de préjudice financier prouvé, un client peut réclamer réparation. Sans assurance, c’est votre trésorerie, voire votre patrimoine personnel, qui est engagé.
- Risque juridique : un litige peut rapidement mener à une procédure, avec des frais d’avocat, des frais de justice, et des indemnisations potentiellement élevées.
- Responsabilité illimitée : sans RC Pro, votre responsabilité civile est personnelle et illimitée : vos économies, votre voiture ou votre logement peuvent être saisis en cas de condamnation.
- Perte de crédibilité : un retard non maîtrisé peut nuire à votre image et vous faire perdre d’autres contrats. La réputation est un actif stratégique, surtout dans les professions de service.
Choisissez une RC Pro adaptée à votre métier
- Assurez-vous que les dommages immatériels consécutifs sont bien couverts,
- Étudiez les garanties optionnelles, notamment pour les pertes financières pures si votre activité l’exige,
- N'hésitez pas à relire votre contrat avec votre courtier en assurance pour comprendre les exclusions de garantie.
Cadrez vos relations contractuelles
- Intégrez des marges de tolérance dans les délais,
- Définissez un délai de grâce avant toute application de pénalité,
- Évitez les clauses pénales excessives ou unilatérales si possible.
Rédigez des devis et contrats solides
- Précisez les dates de livraison, les modalités de validation, les cas de force majeure,
- Prévoyez des jalons intermédiaires (livraison partielle, recette provisoire…),
- Veillez à ce que vos CGV soient alignées avec vos pratiques réelles.
Communiquez et tracez vos échanges
- Anticipez les retards en informant le client à l’avance,
- Documentez tous vos échanges (mails, comptes rendus, validations),
- En cas de conflit, cette traçabilité vous protège.