Par Jean-David Boussemaer, le 26 novembre 2025 - 8 min de lecture

Suis-je couvert par mon assurance en cas de piratage informatique ?

Un mail de phishing, un rançongiciel qui bloque vos fichiers, une fuite de données clients… En 2025, le piratage informatique n’est plus un risque réservé aux grandes entreprises. Les TPE, indépendants et PME sont devenus des cibles privilégiées, car leurs moyens de défense sont souvent plus limités. La vraie question, quand l’incident arrive, est simple : « mon assurance pro va-t-elle m’indemniser ? »

assurance piratage informatique

1. En résumé

  • La RC Pro ne couvre pas ou très peu le piratage, car elle n’indemnise que les dommages causés à des tiers, alors qu’une cyberattaque provoque d’abord des pertes internes pour l’entreprise elle-même.
  • Les coûts réels d’une cyberattaque - remédiation technique, arrêt d’activité, gestion RGPD, rançongiciel - sont massifs et non pris en charge par la RC Pro, qui ne compense jamais les pertes d’exploitation.
  • Une assurance cyber dédiée couvre les dommages internes, la perte d’exploitation, la responsabilité RGPD, la gestion de crise et mobilise des experts 24/7 pour limiter l’impact opérationnel.
  • Cette assurance comporte toutefois des exclusions importantes : absence de mesures de sécurité minimales, négligence grave, actes volontaires, ou non-respect d’obligations légales comme le dépôt de plainte.
  • L’assurance cyber devient indispensable pour toute activité dépendante du numérique - TPE/PME, indépendants, métiers du digital, professions réglementées ou commerces connectés - car une simple panne peut arrêter complètement l’exploitation.

2. Pourquoi la RC Pro ne couvre-t-elle pas (ou mal) le piratage ?

La RC Pro a une logique très précise : elle sert à indemniser les dommages que vous causez à un tiers dans le cadre de votre activité. Elle est donc centrée sur la responsabilité civile, c’est-à-dire sur l’idée qu’un client, un partenaire ou toute autre personne subit un préjudice parce que vous avez commis une faute, une erreur, une omission ou une négligence professionnelle. Tant qu’on reste dans ce schéma « vous causez un dommage à quelqu’un », la RC Pro joue son rôle.

En cas de piratage, on sort justement de ce cadre. L’événement déclencheur est une attaque externe (phishing, rançongiciel, intrusion, vol de données). La RC Pro n’a pas été conçue pour couvrir le sinistre en tant que tel, car le dommage initial est un dommage « subi » par l’entreprise. En revanche, elle peut intervenir si un tiers vous met en cause après l’attaque en invoquant un manquement à vos obligations professionnelles de sécurité : dans ce cas, seule la responsabilité vis-à-vis du tiers est potentiellement couverte. C’est la raison structurelle pour laquelle les contrats RC Pro standard excluent souvent explicitement les cyber-risques ou ne les mentionnent pas du tout.

Ce que votre RC Pro peut couvrir, quand elle le prévoit, c’est uniquement la partie « responsabilité vis-à-vis d’un tiers ». Exemple typique : une faille de sécurité chez vous entraîne une fuite de données personnelles, et des clients vous reprochent un défaut de protection ou un manquement RGPD.

Dans ce cas, certaines RC Pro intègrent une garantie dite de « cyber-responsabilité » ou « atteinte aux données ». Elle peut financer votre défense, puis l’indemnisation d’un tiers si votre responsabilité est retenue. Mais cette garantie reste une sous-couche accessoire, souvent limitée par des plafonds bas et des conditions strictes.

Le point le plus important, c’est tout ce que la RC Pro laisse de côté. Une cyberattaque génère d’abord des coûts internes : experts pour stopper l’intrusion, restauration du système, récupération de données, remise en état des postes, sécurisation d’urgence. Ensuite, elle peut provoquer un arrêt partiel ou total de l’activité, donc une perte d’exploitation. Or la RC Pro ne couvre jamais vos propres pertes financières, par définition : elle indemnise des tiers, pas votre chiffre d’affaires.

Enfin, la RC Pro ne prévoit pas non plus l’accompagnement de crise dont vous avez besoin dans les premières heures. Les contrats cyber dédiés mettent souvent en avant une assistance immédiate, la mobilisation de spécialistes et une indemnisation des frais de remédiation, justement parce que c’est le cœur du risque. Ce type de services n’existe pas dans une RC Pro classique.

En résumé, la RC Pro peut éventuellement intervenir si un tiers vous attaque en responsabilité après un piratage, mais elle ne couvre pas l’événement lui-même ni ses conséquences principales sur votre entreprise. Voilà pourquoi, dans la pratique, compter sur sa RC Pro pour être protégé contre un piratage revient souvent à découvrir une zone blanche au pire moment.

3. Ce que coûte vraiment une cyberattaque (et que la RC Pro ne prend pas en charge)

Lors d’un piratage, la facture dépasse largement la simple réparation « informatique ». Une attaque digitale est un choc opérationnel qui déclenche une cascade de coûts, souvent en même temps, et c’est précisément cette mécanique que la RC Pro ne couvre pas, parce qu’elle n’indemnise pas vos propres pertes mais uniquement les dommages causés à des tiers.

3.1. L’urgence technique

Le premier poste, c’est l’urgence technique. Dès que l’incident est détecté, il faut comprendre ce qui s’est passé, stopper l’attaque, sécuriser le système et remettre l’activité sur pied. Dans le vocabulaire des assureurs cyber, on parle de « remédiation ».

Concrètement, cela recouvre l’intervention d’experts en cybersécurité, l’investigation pour identifier la faille, la suppression du malware, la restauration des postes et serveurs, la récupération ou la reconstitution des données, sans oublier la mise en place immédiate de mesures pour éviter une récidive.

3.2. La perte d’exploitation

Le deuxième poste, souvent le plus douloureux, c’est la perte d’exploitation. Quand vos outils sont bloqués, que votre site est hors ligne ou que votre logiciel métier est inutilisable, l’activité s’arrête. Deux jours peuvent suffire à mettre une trésorerie sous pression, deux semaines peuvent faire basculer une petite structure. Le chiffre d’affaires chute, alors que les charges, elles, continuent : salaires, loyers, abonnements, remboursements d’emprunts.

Les polices cyber peuvent couvrir ces pertes d’exploitation, précisément parce qu’elles font partie des conséquences majeures d’un sinistre informatique. À l’inverse, la RC Pro n’intervient pas sur ce terrain : elle n’a pas vocation à compenser votre manque à gagner.

3.3. Les coûts RGPD

Troisième catégorie, les coûts liés aux données personnelles et à vos obligations légales. Dès lors qu’une attaque entraîne une fuite, une altération ou un accès non autorisé à des données clients, fournisseurs ou salariés, le RGPD s’applique. Cela implique en pratique des dépenses immédiates : qualification de la violation, constitution d’un dossier, notifications à la CNIL, information individuelle des personnes concernées, éventuelle aide à la protection des victimes, et communication de crise pour éviter une perte de confiance. Les amendes sont en général exclues des contrats d’assurance, et quand une couverture existe, elle reste limitée au strict périmètre juridiquement assurable en droit français.

4. Le rançongiciel

Enfin, il y a le cas particulier du rançongiciel. Quand un ransomware chiffre vos données et exige une somme pour vous rendre l’accès, vous vous retrouvez face à un arbitrage terrible : payer ou reconstruire sans payer. Dans les deux cas, le coût peut être massif. Le sujet est encadré juridiquement en France, et l’assurabilité de la rançon dépend des contrats et du respect des conditions légales. .

👉 Une RC Pro peut parfois vous aider si un client se retourne contre vous après une fuite de données, mais elle ne protège pas votre entreprise contre le cœur de la tempête : les frais d’urgence, l’arrêt d’activité, la gestion RGPD et, le cas échéant, l’impact d’un rançongiciel. C’est pour cela qu’on dit qu’elle couvre la responsabilité, pas la « survie opérationnelle ».

4. Ce qu’une assurance cyber dédiée couvre, en général

Une assurance cyber dédiée n’est pas une simple option « gadget » ajoutée à vos contrats pro. C’est une couverture pensée pour un risque très particulier : une attaque numérique qui vous fait subir des dommages directs et immédiats, avant même qu’un tiers ne se retourne contre vous. Là où la RC Pro regarde surtout la responsabilité vis-à-vis des autres, l’assurance cyber vise d’abord la protection de votre entreprise elle-même, puis les répercussions juridiques et réputationnelles.

Dans la plupart des offres sérieuses, on retrouve trois grands volets, auxquels s’ajoute presque toujours un quatrième ingrédient clé : l’assistance de crise.

  • Le premier volet protège votre fonctionnement interne. C’est le cœur du contrat cyber. Il finance les frais de remédiation après attaque : investigation informatique, nettoyage du système, restauration des serveurs et postes, récupération des données, sécurisation d’urgence, voire intervention sur site selon les cas.
  • Le deuxième volet couvre la responsabilité et le juridique. Si l’attaque touche des tiers (clients, partenaires, fournisseurs) ou révèle un manquement à vos obligations de protection, vous pouvez être mis en cause. Les assurances cyber intègrent alors la prise en charge des frais de défense, des dommages et intérêts éventuels, et surtout l’accompagnement RGPD : analyse de la violation, notifications à la CNIL, information des personnes concernées, frais de conseil juridique.
  • Le troisième volet concerne la gestion de crise et la réputation. Une cyberattaque n’abîme pas seulement vos systèmes, elle peut fissurer la confiance. Beaucoup de polices prévoient donc des frais de communication de crise, relations presse si besoin, gestion d’e-réputation et accompagnement pour limiter l’impact commercial.
  • Enfin, le vrai « game changer » de ces contrats, c’est la cellule d’experts mobilisable dès les premières heures. Dans la majorité des offres, vous avez une hotline 24/7 qui déclenche immédiatement une chaîne de spécialistes : cybersécurité, informatique, juridique, parfois communication.

👉 Si on résume simplement : une assurance cyber dédiée couvre vos dommages internes (remise en état + pertes d’exploitation), votre responsabilité et vos obligations légales (dont RGPD), votre gestion de crise (communication et réputation), et elle vous donne l’accès immédiat à des experts pour reprendre la main vite. C’est cette combinaison qui fait d’elle une protection « opérationnelle », là où la RC Pro ne traite qu’un morceau du risque.

5. Les exclusions qui font tomber la couverture

C’est souvent le moment le plus frustrant d’un sinistre cyber : vous pensiez avoir « l’assurance qu’il faut », puis vous découvrez que certaines conditions n’étaient pas respectées… et que l’indemnisation saute ou se réduit fortement.

Cette situation est assez fréquente, parce que les contrats cyber fonctionnent presque toujours avec des prérequis de sécurité et des exclusions liées au comportement de l’assuré.

  • La première grande famille d’exclusions concerne l’absence de mesures minimales de cybersécurité. En clair, l’assureur part du principe que le risque est assurable si vous maintenez un socle d’hygiène numérique. Les contrats demandent typiquement des logiciels à jour, un pare-feu actif, des sauvegardes régulières et testées, une politique de mots de passe robuste, et de plus en plus souvent l’authentification multifacteur pour les accès sensibles.

    Si l’attaque est facilitée par un poste non mis à jour, un mot de passe trop faible, ou des sauvegardes inexistantes ou connectées au réseau (donc chiffrables par un ransomware), l’assureur peut refuser ou réduire l’indemnisation. Ce n’est pas un détail théorique.

    Après un sinistre, l’assureur vérifie souvent si les obligations déclarées au contrat étaient réellement en place au moment de l’attaque. Si vous aviez affirmé avoir des sauvegardes déconnectées mais qu’en pratique tout était sur un disque réseau accessible, ou si des mises à jour critiques n’étaient pas faites depuis des mois, vous tombez dans la zone d’exclusion pour « défaut de précaution » ou « non-respect des mesures de sécurité ».
  • La deuxième famille vise les actes volontaires et la négligence grave. Une assurance couvre l’aléa, pas ce qui est intentionnel ou assimilable à une prise de risque délibérée. Les contrats excluent donc presque toujours les attaques provoquées ou facilitées par une fraude interne volontaire (salarié malveillant, associé qui agit contre l’entreprise, détournement organisé).
  • Troisième point à connaître, qui monte en importance depuis 2023 : l’obligation de dépôt de plainte. La loi LOPMI impose aux entreprises victimes d’une attaque de porter plainte sous un délai défini pour conserver leur droit à indemnisation sur les garanties cyber (hors volets RC). Si cette formalité n’est pas faite, l’assureur peut opposer la déchéance de garantie. Beaucoup de dirigeants l’ignorent encore.

👉 Moralité : une assurance cyber est un filet de sécurité, pas un bouclier magique. Elle est là pour absorber le choc financier d’une attaque, mais elle suppose que vous ayez un minimum de discipline numérique au quotidien. La bonne approche, c’est donc « prévention + assurance ». L’une sans l’autre laisse une faille : la prévention réduit le risque, l’assurance protège votre trésorerie quand le risque se réalise malgré tout.

6. Pour qui l’assurance cyber est-elle indispensable ?

Dès que votre activité repose sur des outils numériques, le risque cyber devient concret. Il suffit d’un ordinateur, d’un logiciel métier, d’un site web marchand, d’un outil SaaS ou d’un simple stockage de données clients pour qu’une attaque puisse vous arrêter net. Les assureurs et organismes publics pointent d’ailleurs que les TPE/PME et indépendants sont aujourd’hui largement exposés, parce qu’ils dépendent du numérique sans toujours avoir une équipe IT dédiée.

Cela concerne évidemment les métiers du digital au sens large, parce qu’ils vivent « dans » le système d’information. Un développeur, une agence web, un e-commerçant, un consultant SEO ou un freelance du marketing travaillent avec des environnements ouverts (CMS, plugins, accès distants, outils collaboratifs), ce qui multiplie les portes d’entrée possibles pour un attaquant. Les offres cyber sont d’ailleurs souvent construites avec des garanties adaptées à ces usages : remédiation, pertes d’exploitation, gestion de crise, responsabilité sur les données.

Mais limiter le risque cyber aux entreprises « tech » serait une erreur. Les attaques touchent toutes les activités de services qui manipulent des données ou fonctionnent via des outils dématérialisés.

Les cabinets de conseil, coachs, formateurs, professions libérales, et plus largement tous les indépendants qui gèrent leur relation client via email, CRM ou plateformes de paiement sont des cibles logiques. Plusieurs analyses juridiques et professionnelles soulignent ce point : dès qu’il y a traitement de données et dépendance opérationnelle aux systèmes informatiques, la cyberassurance devient un pilier de continuité d’activité.

Les professions réglementées sont encore plus exposées, non pas parce qu’elles attirent plus les hackers par nature, mais parce que les conséquences d’une fuite y sont plus graves. Un avocat, un expert-comptable, un professionnel de santé, un agent immobilier, un courtier ou un notaire stocke des données sensibles : identité, informations financières, documents contractuels. Le moindre incident peut déclencher obligations RGPD, perte de confiance, et recours de clients.

Même les commerces « traditionnels » entrent dans le cœur du sujet dès qu’ils utilisent une caisse connectée, une solution de prise de rendez-vous en ligne, une boutique e-commerce ou un outil de gestion des stocks dans le cloud. Une panne ou un chiffrement de ces systèmes, et l’activité s’arrête sur-le-champ. Les guides dédiés aux TPE rappellent que la cyberattaque n’est pas seulement une question de vol de données, mais aussi un risque d’interruption pure et simple de l’exploitation.

👉 En clair, la bonne règle est très simple. Si une panne informatique de 48 heures suffit à mettre votre chiffre d’affaires à l’arrêt, vous êtes dans le cœur de cible d’une assurance cyber. Parce que dans ce cas, votre principal risque n’est pas « un tiers qui vous attaque », mais la perte immédiate de revenus et les frais de remise en état. Et c’est exactement ce que la cyberassurance est conçue pour absorber.

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